Le langage - TL
Introduction
Le langage a une double nature. Il apparait comme un fait biologique ou une faculté innée. L'homme possède en effet génétiquement, la faculté de parler. La question se pose souvent ; comment les hommes ont développé cette faculté ?
Le linguiste contemporain Claude Hagége évoque cette question dans "l'homme de parole" pour dire qu'elle n'avait pas lieu d'être posée car elle ne peut être résolue.
Pourtant,nous ne possédons pas à la naissance l'usage d'une langue naturelle contrairement aux animaux (baleine sons, singes cris) l'homme au contraire est un infans (être qui ne parle pas).
Le langage est aussi un fait de culture. Pour Claude Levis-Strauss, le grand ethnologue du 20e siècle, la culture n'est pas de l'érudition, c'est l'ensemble des créations instituées par l'homme : langage, travail, art, etc.
Les langues dans leur variété sont des créations collectives de l'humanité et sont l'objet d'une transmission sociale. Nous apprenons à parler des langues que nous recevons de la société à travers notre entourage familial.
I. Qu'est ce que le langage ?
Aristote définissait l'homme comme le "vivant possédant le langage". La capacité linguistique semble n'appartenir qu'à l'homme, et le distingue de tous les autres êtres vivants.
Le langage permet à l'homme de penser et de communiquer ses idées : Il fonde donc la vie en communauté.
Au commencement était Babel, les hommes parlent une seule et même langue dite "Adamique" Puis ils se proposent de construire une immense tour destinée à pénétrer les cieux.
Cette architecture leur permettrait d'habiter avec Dieu et deviendraient égaux à Dieu.
Cette volonté de prométhé est un autre péché originel. La sanction de ce péché a fait que nous ayons plusieurs langues.
Le langage se définit par un vocabulaire ; c'est-à-dire par un pouvoir de nomination et par une grammaire, par des règles régissant la nature et les relations des mots.
F.Saussure a montré que les mots que nous utilisons pour parler (signes) sont la totalité d'un signifiant (la suite de sons qui composent le mot) et d'un signifié (ce que le mot signifie).
Il a aussi établi qu'il n'y aurait aucun rapport logique entre le signifiant et le signifié : C'est la thèse de l'arbitraire du signe linguistique.
Le langage est donc une convention arbitraire ; c'est pourquoi d'ailleurs, il existe plusieurs langues.
II. Le langage est arbitraire
Dans la conception philosophique, le langage renvoie à tout système permettant une interaction humaine, d'où le recours aux signes et aux symboles.
Ainsi, André Lalande considère le langage comme "tout système de signes pouvant servir de moyen de communication". Il s'agit donc d'un principe interactif à travers lequel des individus ont recouru à des signes pour échanger et arriver à se comprendre.
Les signes peuvent être multiformes. Ils peuvent être gestuels, oraux ou écrits, ce qui favorise l'existence de plusieurs types de langues.
L'arbitraire des signes linguistiques se manifeste dans le fait qu'il n'y a pas de rapport entre le signifiant (les sons qui composent le mot) et le signifié (l'objet auquel le mot se rapporte).
Une fois que les mots ont leur signification dans une langue donnée, il n'est plus permis aux individus d'en décider autrement. La linguistique est différente des symboles qui sont la représentation physique d'un objet qui sert à rendre visible une réalité abstraite (c'est une métaphore).
Les signes linguistiques servent à une communauté de pouvoir communiquer. Exemple : Sérère, Diola, Wolof, etc.
La langue comporte un lexique (vocabulaire) une syntaxe (grammaire) qui s'imposent à chaque membre du groupe. Contrairement, la parole est individuelle. Par la parole, on s'approprie une langue.
La parole est une actualisation de la langue.
III. Le langage est le propre de l'homme
Selon Rousseau, "la langue de convention n'appartient qu'à l'homme". Les animaux possèdent leur langage dès la naissance. Ils n'ont pas à l'apprendre parce que c'est leur instinct qui le leur dicte ; ce "langage" est inné et non acquis. Le "langage" animal n'as pas de grammaire : les signaux qui le composent ont chacun un sens précis et unique (la dans e en 0 des abeilles et la danse en 8) et ne peuvent pas être combinés entre eux.
Grâce à la grammaire et aux nombres infinis de combinaisons qu'elle permet, le langage humain, lui est plus riche de significations et surtout, il est capable d'invention et de progrès.
Le mot arbre désigne aussi bien cet arbre ci que cet arbre là, ce que doit être une chose pour être un arbre, le concept d'arbre.
Le langage est donc le fruit de notre faculté d'abstraction. Les mots arbres vont désigner tous les arbres parce que nous avons, contrairement aux animaux, la faculté de ne voir dans cet arbre ci qu'un exemplaire de ce que nomme le mot arbre (le concept d'arbre)
Certains animaux ont développé des formes évoluées de communication et particulièrement ceux qui vivent en société comme les abeilles. Mais, comme l'a montré Benveniste, ce "langage n'a rien à voir avec le langage humain : il dicte un comportement et non une réponse linguistique.
Les animaux n'utilisent pas dans leur communication des signes composés, mais des signaux indécomposables. Alors que le langage humain est un langage de signes, la communication animale est un code de signaux dont chaque signal renvoie à une seule signification possible.
IV. Langage et pensée (pouvons nous dire tout ce que nous voulons dire)
Les rapports entre la pensée et le langage sont doubles. Au niveau de la temporalité et au niveau de l'adéquation.
$-\ $ Sous l'angle de la temporalité la question reste à savoir qui précède du langage et de la pensée.
Une première réponse affirme l'antériorité de la pensée sur le langage. Cela veut dire nous pensons d'abord avant de sortir les mots de notre pensée. Cela signifie que j'ai d'abord pensé ensuite je cherche les mots pour libérer ma pansée. Ce que Boileau résume en ces termes "tout ce qui se conçoit bien s'annonce bien et les mots pour le dire viennent aisément". En d'autres termes, l'"homme pense sa parole avant de parler sa pensée".
Une deuxième réponse affirme l'antériorité du langage sur la pensée car, on ne peut pas penser en dehors du langage. En d'autres termes, c'est par les mots que nous pensons. La pensée est un langage intérieur. "C'est un langage de l'âme avec lui-même. Ce qui revient à reconnaitre que nos pensées naissent habillées.
Donc, langage et pensée sont indissociables et entretiennent des simultanéités.
$-\ $ Sous l'angle de l'adéquation la question reste à savoir si le langage traduit ou trahit la pensée.
La première réponse affirme que le langage est la condition de formation et de transmission de la pensée.
Nos pensées et nos sentiments ne sont accessibles à autrui que par la médiation du langage. C'est le point de vue de Hegel qui considère que c'est le langage qui donne à la pensée son existence la plus haute et sa signification la plus vraie.
Une réponse opposée montre que le langage n'est pas ce miroir qui reflète entièrement la pensée, plutôt le langage déforme, appauvrit et trahit nos pensées et nos sentiments. Tout se passe comme si nous avions plus de sentiments que de mots pour les exprimer.
C'est ce que Bergson affirme quand il dit qu'il y a des pensées et des sentiments échappant à toute possibilité langagère. C'est ce qu'il appelle l'ineffable ; c'est-à-dire ce que nous ressentons en notre fort intérieur et que nous ne pouvons pas exprimer par les mots, car ces derniers sont insuffisants.
Pour Bergson, le langage est incapable de traduire la pensée de notre vie intérieure.
Hegel réfute cette thèse de l'ineffable. Pour lui, on peut tout dire : "Ce qu'on ne peut pas dire, c'est la pensée obscure à l'état de présentation".
Même si le langage trahit la pensée, on ne peut pas se réduire au silence, car cela équivaudrait à ne plus penser.
Les vraies pensées sont celles exprimées par des mots.
Ainsi, le langage demeure malgré son imperfection un instrument privilégié de mise en relation des consciences.
V. Les fonctions du langage
Comme l'a dit Aristote, le langage fonde la vie en communauté en favorisant la communication et les échanges. Mais d'après Bergson, il simplifie le monde et l'appauvrit. Il sert à classer les choses mais il délimite aussi le monde humain.
N'existe en fait que ce que nous pouvons nommer dans notre langue.
Le langage vise autrui comme un autre sujet conscient et non comme une chose car autrui peut répondre quand je lui parle. Le langage permet de viser intentionnellement autrui comme sujet.
Husserl affirme que c'est lui qui fonde la communauté humaine, entendue comme "communauté inter subjective"
Le langage décrit l'état des choses cependant, à coté de cette fonction descriptive il y a aussi une fonction éthique.
Dire que le chat est sur le paillasson décrit la position du chat, mais c'est aussi célébrer la communauté humaine pour que cette phrase ait une signification.
Le langage n'a de sens que dans une communauté, et c'est cette communauté de langue que nous célébrons dès que nous parlons.
Conclusion
Le langage est un moyen de communication qui facilite la vie des hommes. Selon certains penseurs, le langage n'est pas le propre de l'homme du fait que certains animaux communiquent.
Si le rapport entre la pensée et le langage est indissociable.
Cela laisse penser que la conscience joue un rôle important pour ce dernier.
Auteur:
Lamine Faye
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