Énergie nucléaire : réactions spontanées, fusion et fission - TL

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Terminale
 

I. Le noyau 

1. Constituants du noyau 

Le noyau d'un atome est formé de particules appelés nucléons qui sont de deux sortes : les protons et les neutrons.
 
Le proton est une particule de masse mp=1.6721027kg et de charge qp=1.61019C
 
Le neutron est une particule de masse mn=1.6741027Kg sensiblement et de charge nulle.

2. Nucléide

On appelle nucléide la famille de noyaux caractérisés par un nombre donné de protons et un nombre donné de neutrons. 
 
 
Les noyaux d'un nucléide ont :
 
 le même nombre de masse A
 
 le même de charge Z
 
On le représente par : AZXX est le symbole de l'élément   

Exemples : 

11H, 42He, 126C, 168O, 21H, 31H, 147N, 5626Fe, 199F,

3. Isotopie

Des atomes possédant le même numéro atomique, (même nombre de protons) mais de masse atomique différente (nombre différent de neutrons) sont appelés isotopes.

4. Énergie de masse

4.1. Formule d'Einstein 

Elle s'exprime l'équivalence entre la masse et l'énergie :E=mc2
 
E en joules (J)
 
m en mètres (m)
 
c en mètres par seconde (ms1)

4.2. Défaut de masse

La masse du noyau mX est toujours inférieure à la masse des nucléons qui le constituent Δm=Zmp+(AZ)mnmX 
 
La différence de masse est appelée défaut de masse.
 
On appelle défaut de masse d'un noyau, la différence entre la masse des nucléons séparés au repos et la masse du noyau du noyau au repos.

4.3. Unité de masse atomique

Le kilogramme (kg) n'est pas pratique d'utilisation à l'échelle microscopique. 
 
On utilise alors une unité plus appropriée : l'unité de masse atomique.
 
L'unité de masse atomique (symbole : u) est le douzième de la masse d'un atome de carbone 
 
1u=11212103NA=103NA1036.0210231u1.661027kg
 
En première approximation, les masses des noyaux sont voisines de multiple entier de la masse atomique 

Exemple :  

M(3517Cl)=34.958u35u

5. Stabilité du noyau

5.1. Énergie de liaison : relation d'Einstein

On appelle énergie de liaison d'un noyau, l'énergie qu'il faut fournir à un noyau au repos pour le dissocier en nucléons séparés au repos 
 
Pour un noyau AZX El=(Zmp+(AZ)mnmX)c2   
 
On exprime également l'énergie de liaison du noyau en mégaélectronvolt (MeV)

Remarque

On peut alors exprimer les masses en leur équivalent énergétique d'après la relation précédente 1u=931.MeV/c2
particulesp+n0echarge+e0em(u)1.0073u1.0087u0.55103um(MeV/c2)938.280939.5730.511003
 
De manière générale, à toute variation de masse d'un système correspond une variation d'énergie :ΔE=Δmc2
 
Cette relation constitue la relation d'Einstein 

5.2. Énergie de liaison par nucléon

Pour comparer les différents noyaux entre, on définit l'énergie de liaison par nucléon. 
 
C'est l'énergie à fournir à un noyau pour lui arracher un nucléon EA=E1A

5.3. Stabilité du noyau : courbe d'Aston

 
Ce graphe donne les valeurs moyennes de l'énergie de liaison par nucléon E1 en fonction du nombre de masse A : cette est appelée courbe d'Aston
 
 Pour les noyaux dont le nombre de masse est compris entre 50 et 80, la courbe présente un minimum aplati qui correspond aux noyaux les plus stables (EA=8.7eV).
 
 Les extrémités de la courbe correspondent aux   noyaux instables :
 
 un noyau lourd (A100) peut se casser en des noyaux stables pour gagner en stabilité
 
 des noyaux légers, pour gagner en stabilité, peuvent s'unir pour donner des noyaux stables.
 
Il existe, d'après la courbe d'Aston, deux façons possibles d'extraire de l'énergie : ou bien fusionner des noyaux légers ou fissionner des noyaux lourds pour avoir des noyaux stables

II. La radioactivité 

Les noyaux contiennent des protons chargés positivement, qui devraient se repousser d'après l'interaction électromagnétique. 
 
Pour expliquer la cohésion des noyaux, on admet l'existence d'une interaction attractive qui unit l'ensemble des nucléons et qui prédomine (aux courtes distances) devant l'interaction électromagnétique : c'est l'interaction forte
 
Cependant, dans certains cas, la cohésion est insuffisante : les noyaux sont instables et se désintègrent spontanément : ils sont radioactifs 

1. Définition

La radioactivité est la désintégration spontanée d'un noyau en un autre noyau, accompagnée de l'émission de particules subatomiques et(ou) de rayonnement électromagnétique

2. Caractéristiques de transformations radioactives

Les transformations radioactives sont :
 
 Indépendantes de la nature des liaisons entre les atomes (combinaisonchimique) dont le noyau radioactif fait partie 

Exemples : 

(UO2, UF6  U radioactif)
 
 indépendantes de paramètres usuels(pression, température, état physique : solide, liquide ou gazeux
 
 spontanées (elles se réalisent seules, sans intervention extérieure pour les déclencher)
 
 inéluctables (un noyau radioactif se désintègrera tôt ou tard, rien ne peut empêcher sa désintégration)
 
 aléatoires (si on « sélectionne » un noyau radioactif, il est impossible de prévoir l'instant de sa désintégration)

3. Évolution temporelle d'une substance radioactive 

3.1. Loi de désintégration radioactive

Si on étudie un seul noyau, on ne sait pas quand il va se désintégrer
 
Le noyau ne « vieillit » pas : la probabilité de désintégration ne dépend pas du temps.
 
On peut étudier un ensemble de noyaux afin de réaliser des statistiques.
 
La probabilité qu'un noyau radioactif se désintègre pendant un intervalle de temps est donnée par la relation N=N02n
 
Courbe de décroissance radioactive nT  N=N02n
 

4.2. La période radioactive

La période radioactive ou demi-vie est la durée nécessaire à la désintégration de la moitié des noyaux présents initialement dans l'échantillon T=ln2γ

Remarque :

Le période a une signification complètement différente de celle que nous attribuons habituellement. 
 
Il ne s'agit pas d'un phénomène période 

4.3. Activité d'un échantillon radioactif 

L'activité d'une source est le nombre d'atomes désintégrés pendant l'unité de temps 
 
A=A02n avec A0=γN0
 
 
L'unité internationale de l'activité est le becquerel (Bq).
 
Le becquerel correspond à une désintégration par seconde. 
 
On utilise également une ancienne unité le curie (Ci) 1Ci=3.71010Bq

3. Analyse du rayonnement radioactif

 
Un mélange de substances radioactives est placé dans une ceinte en plomb (le rayonnement traverse difficilement le plomb).
 
Une plaque photographique placée à la sortie du champ permet de détecter les impacts des rayonnements.
 
En présence d'un champ magnétique ou électrique, la plaque montre quatre impacts : A, B, C et D
 
Les champs électrique et magnétique séparent donc les rayonnements en parties : trois déviés par les champs appelés α, β+, β et un non dévié appelée λ

4. Les différents types radioactivités

4.1. Les lois de conservation

Lors des radioactivités α et β, un noyau père X se transforme en un noyau fils Y avec production de particules chargées (α, β+ ou β)
AZX  AZY+ azQPèrefilsparticule
 
Les équations bilan doivent respecter (lois de Soddy) :
 
 la conservation du nombre de masse (ou de nucléons) : A=A+a
  
 la conservation de la charge (c'est-à-dire du nombre de protons) : Z=Z+z  
 
 la conservation de l'énergie : Etotal(AZX)=Etotal(AZY)+Etotal(azQ)

Définitions

Caractéristiques

lois, période.

III. Rayonnement α, β, γ

1. Radioactivité α

1.1. Principe

La radioactivité α est la transformation spontanée d'un noyau en autre noyau accompagnée d'un noyau d'hélium
 
Le rayonnement α très dangereux mais peu pénétrant : arrêté par quelques cm d'air ou une feuille de papier

1.2. Équation de la réaction désintégration 

AZX  AZY+ 42HePèrefilsparticule α 
 
Comme toute réaction nucléaire, la désintégration α vérifie :
 
 la conservation du nombre de masse : A=A+4  A=A4
  
 la conservation du nombre de charge :  Z=Z+2  Z=Z2
 
Généralement le noyau fils, dans un état excité, se désexcite en émettant un rayonnement λ
 
L'équation-bilan de désintégration s'écrit finalement : AZX  A4Z2Y + 42He + λ

Exemple :

23892U  23490Th + 42He

Remarque : 

le noyau fils se situe toujours « deux cases avant » le noyau père dans la classification périodique des éléments 

1.3. Bilan énergétique

La réaction se fait avec libération d'énergie (réaction exo énergétique). 
 
Cette énergie provient de la perte de masse ΔE=(mλ+mαmx)c2

2. Radioactivité β

2.1. Principe

La radioactivité β est la transformation d'un noyau en autre noyau accompagné de l'émission d'un électron et un antineutrino
 
L'antineutrino est une particule non chargée de masse nulle se déplaçant à la célérité de la lumière. 
 
Cette particule intervient dans le bilan de la réaction nucléaire de façon à assurer la conservation de l'énergie et de la quantité de mouvement.
 
L'antineutrino possède un pouvoir de pénétration extraordinaire (arrêtés par 35 années lumières de plomb !) ce qui rend la détection très difficile.
 
Le rayonnement β pénétrant (mais moins dangereux que le rayonnement α), arrêtées par plusieurs mètres d'air ou quelques mm d'aluminium (plexiglas)

2.2. Équation de la réaction désintégration 

ZAXAZY+01ePèrefilsparticule β(01e)
 
Le plus souvent dans un état excité, le noyau fils, se désexcite en émettant un rayonnement γ
 
L'équation-bilan de désintégration s'écrit finalement :
 
AZX  AZ+1Y +01e+γ+¯v

Exemple :

3215P  3216S + 01e + ¯v
 
La désintégration β se produit pour des nucléides instables trop riches en neutrons. 
 
Elle résulte de la désintégration, dans le noyau, d'un neutron qui se transforme en un proton avec émission d'un électron et d'un antineutrino :
 
10n  11p + 01e + ¯v

Remarque : 

Le noyau fils se situe toujours « une case après » le noyau père dans la classification périodique des éléments

2.3. Bilan énergétique 

La réaction se fait avec libération d'énergie (réaction exo énergétique). 
 
Cette énergie provient de la perte de masse ΔE=(my+mβmx)c2

3. Radioactivité β+

3.1. Principe

La radioactivité β+ est la transformation d'un noyau en autre noyau accompagné de l'émission d'un positron (ou positon) et un neutrino (antiparticule de l'antineutrino)
 
Le rayonnement possède β+ le même pouvoir de pénétration que le rayonnement β

3.2. Équation de la réaction désintégration 

AZXAZY+01ePèrefilsparticule β+(01e)
 
La désexcitation du noyau fils s'accompagne de l'émission du rayonnement γ
  
L'équation bilan de la désintégration s'écrit :AZX  AZY + 01e+v+γ

Exemple : 

3015P  3014Si + 01e+00v+γ
 
La radioactivité β+ se produit pour des nucléides obtenus artificiellement au laboratoire. 
 
C'est pourquoi on la qualifie de radioactivité artificielle, elle est caractéristique des noyaux trop riches en protons. 
 
Elle résulte de la désintégration, dans le noyau, d'un proton qui se transforme en un neutron avec émission d'un positron et d'un neutrino :
 
11p  01n + 01e+v

3.3. Bilan énergétique 

L'énergie libérée lors de la désintégration β+ s'écrit :ΔE=(my+mβ+mx)c2

4. Radioactivité 

Le rayonnement γ est l'émission d'un photon par un noyau lors du retour d'un état excité à l'état stable.
 
La radioactivité γ accompagne souvent les radioactivités α et β

IV. Réactions nucléaires provoquées : fission et fusion

Les réactions nucléaires sont :
 
 spontanées : elles relèvent de la radioactivité naturelle 
 
 ou provoquées : elles sont dues aux bombardements des noyaux par des projectiles

1. Réaction de transmutation

1.1. Définition 

La transmutation est une réaction nucléaire provoquée au cours de laquelle un élément se transforme en un autre 
 
Les projectiles utilisés pour réaliser les transmutations sont divers :
 
 neutron : particule électriquement neutre
 
 proton ; particule α : particules électriquement chargés
 
Certains nucléides, crées par transmutation provoquée, sont instables ; leur désintégration en noyaux fils stables définit la radioactivité artificielle

Exemples

147N + 42He  178O + 11H
 
73Li + 11H  42He + 42He
 
23892U + 10n  23992U + γ

2. Fission nucléaire 

2.1. Définition

La fission est une réaction nucléaire provoquée au cours de laquelle un noyau lourd se scinde pour donner naissance à des noyaux plus légers
 

2.1. Bilan énergétique 

Les réactions de fission sont exo énergétiques, car elles s'accompagnent d'une diminution de l'énergie de masse des noyaux réagissant 
 
ΔE=Δmc2ouΔE=Δmεuavecεu=931.5MeV

Exemple

23592U + 10n  9542Mo + 13957La + 210n + 701e
 
Δm=mproduitsmréactifs  ΔE=Δmεu
 
ΔE=((mLa+mMo+2mn+7me)(mU+mn))εu
 
ΔE=((94.8828+138.875+2×1.0087+7×0.0638)(234.9935+1.0087))×931.5ΔE=208MeV

2.2. Réaction en chaine

Une fission émet en moyenne 2.47 neutrons. 
 
Ces neutrons sont susceptibles à leur tour d'engendrer d'autres fissions. 
 
Il en résulte une réaction en chaine. 
 
L'énergie dégagée devient très vite considérable, sans précaution la réaction en chaine conduirait à une explosion : on obtient l'effet d'une bombe A
 
Convenablement maitrisé dans un réacteur nucléaire : cette réaction en chaine peut constituer la source d'énergie nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires

2. Fusion 

2.1. Principe 

La fusion est une réaction provoquée au cours de laquelle des noyaux légers s'unissent pour donner un noyau plus lourd
 

2.2. Bilan énergétique 

Lors de ces réactions, le bilan de masse montre qu'il y a perte de masse, donc libération d'énergie.
 
L'énergie libérée par la fusion appelée aussi l'énergie thermonucléaire est à l'origine du rayonnement des étoiles et du Soleil. 
 
Lors de l'explosion des bombes thermonucléaires (Bombe H), l'énergie libérée est produite par une réaction de fusion non contrôlée 
 
Malheureusement aujourd'hui, on ne sait ni contrôler la réaction de fusion, ni construire des réacteurs qui produiraient cette énergie de manière régulée et continue
 
ΔE=Δmc2ouΔE=Δmεuavecεu=931.5MeV

Exercice d'application

On considère la réaction nucléaire suivante :
21H + 11  42He + 10n
 
Quelle énergie (en MeV) est libérée lors de la formation du noyau de l'hélium.
 
On donne les énergies de liaison par nucléon :
 
 pour le deutérium : E(21H)=1.10MeV
 
 pour le tritium : E(31H)=2.83MeV
 
 pour l'hélium : E(41He)=7.07MeV

Solution

L'énergie libérée lors de la formation de l'hélium
 
ΔE=((mα+mn)(mD+mT))c2=mαc2+mnc2mDc2mTc2
 
Or,E1=(Zmp+(AZ)mnmx)c2mxc2=Zmpc2+(AZ)mnc2E1x
 
ΔE=2mpc2+2mnc2E1α+mnc2mpc22mnc2+E1Tmpc2mnc2+E1DΔE=E1α+E1T+E1D=4×7.07+3×2.83+2×1.01ΔE=17.6MeV

L'énergie stellaire

V. Les applications

1. Centrales nucléaires

Le combustible d'une centrale nucléaire contient des atomes fissiles c'est-à-dire des atomes dont le noyau a la capacité de se casser sous l'action d'un neutron, et, ce faisant, de libérer une quantité considérable d'énergie. 
 
D'où le nom de « combustible » par analogie avec la matière fossile brûlée dans une centrale thermique classique. 
 
Les principaux atomes fissiles sont l'uranium 233, l'uranium 235, le plutonium 239 et le plutonium 241.
 
Seul l'uranium 235 se trouve à l'état naturel.
 
C'est donc le plus souvent lui qui est utilisé comme combustible dans les centrales nucléaires. 
 

2. Datation

La datation par le carbone 14 dans le temps, mais pas plus de 30.000 ans. 
 
D'autres nucléides tels que le potassium 4019K sont utilisés pour la datation

3. Traceur

Les isotopes de même élément ayant des propriétés chimiques identiques ; on ne modifie pas le comportement chimique d'un isotope stable en le remplaçant par un isotope radioactif. 
 
C'est le principe des traceurs et marqueurs radioactifs dont on connait de nombreuses applications.
 
 En chimie, l'étude cinétique de certaines réactions s'appuie sur la mesure des rayonnements émis par des noyaux radioactifs.
 
Le marquage des molécules organiques par introduction par un atome de carbone 14 en position connue est utilisé pour analyser les mécanismes réactionnels de la chimie organique
 
 En biologie,certains phénomènes métaboliques sont étudiés par des types de marquage des mécanismes de biosynthèse
 
 En médecine,les traceurs radioactifs sont utilisés à des fins diagnostics : étude du fonctionnement de la glande thyroïde à l'iode 131, détermination de certaines anémies
 

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