Les origines et la spécificité de la philosophie par rapport aux mythes, religions et sciences
Tenter de définir la philosophie nécessite d'avoir une idée sur ses origines et sa spécificité par rapport aux autres systèmes de pensée qui permettaient d'expliquer le cosmos, le mythe, la religion et les sciences.
Ceci étant, on ne saurait déterminer les origines ou la genèse de la philosophie sans pour autant parler de son histoire et de son évolution.
I. Histoire et évolution de la philosophie
Le mot histoire désigne soit une étude s'efforçant de connaitre le passé, soit l'ensemble des étapes par lesquelles passe une réalité.
Prise en se $2^{nd}$ sens, l'histoire de la philosophie remonte à l'antiquité grecque dans une des colonies grecque du nom de millet.
C'est l'école de millet qui le premier a rompu avec les vieilles méthodes d'expliquer les phénomènes que sont : la religion, la magie et le mythe pour passer à des étapes beaucoup plus rationnelles.
Même si la paternité de la philosophie est attribuée à Socrate comme dit-on qu'il a fait descendre la philosophie du ciel sur la terre, ceux qui l'ont précédé ; les présocratiques avaient eux aussi rompu avec l'explication mythico religieuse du monde pour essayer d'expliquer l'origine et la formation de l'univers par l'air, l'eau, le feu, les nombres et terre.
Par contre, n'oublions pas aussi que si l'Afrique est le berceau de l'humanité et que les pyramides d'Égypte sont les premières figures géométriques de l'univers alors, nous pouvons penser que les africains étaient les premiers à expliquer le monde avant que les grecs ne s'en emparent.
Ainsi, la philosophie suivit une évolution remarquable pour devenir une discipline qui fait l'objet d'un enseignement et de publication.
Les présocratiques, la période antique, la période classique grecque et la période médiévale marquèrent, d'un tournant décisif, la réflexion philosophique jusqu'aux temps modernes.
A. La période antique
1) Les présocratiques
La pensée grecque, dès ces origines, se divise en une volonté d'expliquer physiquement les phénomènes par la combinaison de la matière élémentaire (eau, air, terre, feu) et une métaphysique affirmant comme chez Parménide ($V^{ième}$ siècle avant J.C) l'identité de la pensée de l'être et de l'être que vise la pensée se détournant ainsi des premiers physiciens d'Ionie (Anaximandre, Anaximène, Empédocle etc. ...) qui tentaient d'expliquer les phénomènes par la combinaison de la matière élémentaire (eau, air, terre et feu).
Nous devons à Thales ($V^{ième}$ siècle avant J.C) le postulat de la possibilité pour l'esprit de comprendre la nature. L'Ionie (en Asie mineur, l'actuelle Turquie) du Vème siècle avant notre ère est le lieu de naissance des premiers scientifiques qui prônèrent qu'il est possible de comprendre la nature.
Pythagore né vers $500$ avant J.C en Italie du sud propose une théorie des nombres aux principes de toutes choses son influence sur Platon sera déterminante.
Héraclite d'Éphèse, $567 - 480$ avant J.c est le point culminant de ce premier éveil de la pensée.
D'après lui, au principe de toutes les oppositions et de tous les changements se trouvent un feu éternellement vivant et que tout l'univers est un fleuve.
Parménide ($IV^{ième}$ et $V^{ième}$ siècle avant notre ère) prône l'idée de l'être de son existence absolue, il place la réalité dans l'un et non dans le pluriel l'unique affirmation de la philosophie est l'être est.
2) La période grecque classique
Cette période est marquée par les sophistes considérés par Socrate à travers Platon comme les faux philosophes contrairement à Socrate le vrai philosophe.
a) les sophistes
C'est Platon, l'ennemi des sophistes, qui leur a donné la détestable réputation qui leurs est restée $2500$ ans plus tard.
Pour nous, un sophiste est un cynique qui se sert de son habileté à parler afin de faire passer pour vrai ce qui est faux et de persuader les naïfs qui l'écoutent... à l'opposé du vrai philosophe, il ne croit pas à ce qu'il dit car il est capable de plaider le pour aussi bien que le contre, n'hésitant pas à utiliser un raisonnement appelé sophisme et la rhétorique cet art de convaincre sans avoir raison.
Les sophistes se servent du langage comme d'un instrument au service du pouvoir de persuader sans se soucier de la vérité.
Platon, dans ses dialogues, oppose à Socrate le vrai philosophe son porte parole.
Les sophistes, les faux philosophes qui ne cherchent qu'à avoir de l'influence sur les jeunes gens et acquérir le maximum d'argent, ils étaient des démocrates, Platon un aristocrate.
Un démocrate ne peut être qu'un démagogue, un homme qui flatte les passions de la foule ignorante.
b) Socrate
Se détournant des physiciens d'Ionie qui tentaient d'expliquer tous les phénomènes par la combinaison de la matière élémentaire (eau, air, terre et feu), Socrate dit-on à fait descendre la philosophie du ciel vers la terre lorsqu'il a obéi à l'injonction gravée au fronton du temple d'apollon à Delphes '' Connais-toi,-toi même ''.
Le premier il a identifié la transcendance de la conscience singulière par rapport aux valeurs établies.
Condamné à mort pour impiété et corruption de la jeunesse, il a laissé chez ses disciples un souvenir tel qu'il est l'une des figures fondatrices de l'occident, il n'a rien écrit mais, Platon en fait son porte parole dans son œuvre.
3) La période de la sagesse pratique
C'est la période où la philosophie n'est plus une réflexion théorique mais un moyen et une manière de vivre dans la tranquillité mieux encore une façon d'éduquer les gens.
L'épicurisme, le scepticisme, stoïcisme marquèrent cette période.
a) l'épicurisme
C'est l'école du philosophe grec Epicure, dont l'idée principale est que le bonheur réside dans le plaisir (hédonisme).
Le plus grand plaisir est celui qui résulte de la tranquillité.
Il y a $3$ sortes de plaisirs :
$-\ $ Les naturels et nécessaires (boire et manger) au besoin
$-\ $ Les naturels et non nécessaires
$-\ $ Les non naturels et non nécessaires (pouvoir et argent)
L'épicurisme est une sagesse dont le but est la tranquillité de l'âme le bonheur est l'opposé de l'agitation.
L'épicurisme est un matérialisme parce que selon lui toute réalité est matérielle.
b) le stoïcisme
C'est l'un des principaux de l'antiquité grecque et romaine il a été illustré par $2$ hommes qui ont vécu aux $2$ extrêmes de l'échelle sociale.
Epictète fut esclave et Marc Aurèle empereur
Ce sont les stoïciens qui les $1^{er}$ définirent leur philosophie comme un système, c'est-à-dire un ensemble ordonné de pensées traduisant la totalité de la réalité.
La philosophie stoïcienne comprend :
$-\ $ Une logique qui donne les règles du raisonnement
$-\ $ Une physique qui rend compte de l'ordre de l'univers
$-\ $ Une éthique (morale) qui délivre les règles de la vie bonne
Le stoïcisme est un panthéisme, il considère que l'univers matériel est de nature divine et rationnelle...
Les êtres sont les étincelles d'une sorte de feu universel ; la morale l'éthique stoïcienne consiste à se conformer à cet ordre universel.
La sagesse et le bonheur sont définis comme absence de passion, sur le plan moral c'est une sorte fatalisme de volontarisme, d'un effort réalisé sur soi.
L'idée morale du stoïcisme est la distinction de ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous.
Dépend de nous, nos représentations nos pensées
Ne dépend pas de nous tout ce qui nous vient de l'extérieur (maladie, douleur, mort, notre situation sociale).
Epictète résume le stoïcisme en ces termes '' supporte et abstiens toi ''
c) Le scepticisme
Le scepticisme ne croit ni au caractère absolu de la vérité ni au caractère objectif du bien.
Il représente un relativisme radical.
B. La période médiévale ($5^{ième}$ – $15^{ième}$ siècle)
L'occident chrétien médiéval, jusqu'à la fondation de la scolastique à la fin de $XI^{ième}$ siècle oscille entre plusieurs positions, soit il rejette la philosophie à la façon de saint Paul qui opposait la foi du christ à la sagesse du monde et proclamait que le mystère de la croix est un scandale pour les juifs et une folie pour la sagesse grecque.
Un processus parallèle se déroule dans le monde musulman le livre d'Alghazali (la destruction des philosophes) et qui abouti au remplacement de ce nom par (Théosophie) désignant la doctrine du sage complet.
Cependant, au $XII^{ième}$ siècle le dernier des grands philosophes arabe Ibarushd (Averroès) aura procuré un commentaire d'Aristote qui traduit en latin est à l'origine de tout l'aristotélisme
II. Les origines de la philosophie
L'origine de la philosophie soulève l'étude des différents éléments qui se sont conjugués pour favoriser une explication rationnelle des phénomènes.
D'aucun disent, que la philosophie est d'origine Africaine pourvu que l'Afrique est le berceau de l'humanité.
C'est ce que soutient Cheikh Anta Diop dans civilisation et barbarie il affirme que les grecs excellents navigateurs n'ont fait que copier l'Égypte mais la thèse la plus répandue se situe en Grèce au $VI^{ième}$ siècle avant J.C avec le miracle grec.
C'est pourquoi selon Pierre Hadot c'est en Grèce où réside véritablement la philosophie et que ceci a marqué un tournant décisif dans l'histoire de la pensée.
C'est ainsi que selon Aristote dans la métaphysique livre $A$ chapitre $2$ en effet l'étonnement qui poussa les 1er penseurs aux spéculations philosophiques.
La philosophie est fille de l'étonnement parallèlement Socrate montre dans le Théétète que l'étonnement philosophique est la fascination l'admiration de l'homme devant les phénomènes de la nature, ce qui lui met dans une situation d'ignorance, apercevoir une difficulté et s'étonner c'est reconnaitre son ignorance.
L'étonnement du sens commun ne conduit pas à la recherche alors que l'étonnement philosophique engendre l'interrogation, la réflexion et la connaissance.
Ce qu'affirme Karl Jaspers l'étonnement engendre l'interrogation et la connaissance.
III. La spécificité de la réflexion philosophique par rapport aux mythes, religion et science
Déterminer la spécificité de la philosophie c'est voir pourquoi la réflexion philosophique n'est ni le mythe, ni la religion et ni la science.
1) Philosophie et mythe
La philosophie et le mythe essaient tous deux d'expliquer les phénomènes et de répondre aux questions récurrentes que se sont toujours posés les humains à savoir la question de leur existence.
Mais ils ont des démarches différentes les mythes repose sur la fiction alors que la philosophie repose sur le rationnel (la raison).
Du grec muthos le mythe est un récit, une légende fictive relatant l'origine du monde et permettant ainsi d'organiser au sein d'une société la compréhension du réel et de justifier l'ordre naturel et social du monde.
A ce titre, le mythe apparait comme une narration pour expliquer l'origine du Cosmos.
C'est ainsi que selon André Lalande, le mythe est un récit fabuleux d'origine populaire et non réfléchi dans lequel des agents impersonnels, le plus souvent les forces de la nature sont représentées sous formes d'êtres personnels dont les actions et les aventures ont un sens symbolique.
Ainsi, nous voyons que le mythe ne repose pas sur la réalité et qu'il est sacré et qu'il ne peut faire l'objet d'un questionnement.
La non soumission au mythe entraine l'impiété ou l'hérésie, le mythe repose sur des symboles et relate toujours un commencement il est sacré et les êtres qu'il met en scène divinisés
Par contre, la philosophie n'utilise pas un langage symbolique mais conceptuel.
La philosophie questionne et critique pour chercher le savoir ,donc nous voyons que la philosophie est différente du mythe ce qui fait qu'elle le discute et ne le considère pas comme un moyen d'expliquer les phénomènes de la nature.
Comme elle est spécifique au mythe la philosophie est aussi spécifique par rapport à la religion.
2) La philosophie et la religion
Dans l'histoire de la pensée la philosophie et la religion n'ont cessé de se mesurer l'une à l'autre.
L'étymologie du mot religion donne bien à voir la notion de respect qui y est contenue.
Si la plus part des anciens tirent en effet religion de religare et y voient l'idée d'un lien qui nous unit à la divinité, certains rattachent religion à religère qui signifie vouer un culte et respecter.
On trouve ainsi dans l'idée de religion le thème d'une obligation envers les dieux ou DIEU.
La religion peut être envisagée sous un double aspect :
$-\ $ D'une part comme institution sociale et objective ;
$-\ $ Et d'autre part comme système individuel de croyances.
La religion s'exprime par la révélation qu'on ne doit pas discuter il faut y croire avec la foi sans le moindre doute ; c'est pour cette raison que Pascal affirme que "c'est le cœur qui sent Dieu et non la raison".
La religion n'aime pas la preuve ni la justification essayer de prouver ou de justifier la foi serait profaner la religion et s'y soumettre reste sacré.
La croyance au sacré est la croyance à l'absolu.
Selon Cicéron la religion vient de "religère" rassembler et "religare" rattacher ainsi elle rassemble et rattache les hommes ensemble à des puissances surnaturelles qu'ils doivent vénérer.
C'est le sentiment du sacré mélangé de crainte et de respect pour des forces qui nous dépassent, vénération du sacré, la religion prend la forme de rite qui se distingue du temps profane comme temps des affaires humaines.
La religion a systématiquement traité la philosophie de subversive, dangereuse et nuisible mais selon Marx, Nietzsche, Freud la religion n'est qu'une illusion aliénante dont l'homme doit se défaire pour réaliser pleinement sa liberté. Pour eux,
c'est l'homme qui est le créateur des dieux et des valeurs auxquels il voue un culte adoré.
La philosophie est fondée sur la raison alors que la religion est fondée sur la théologie qui n'est que la crainte d'une part et d'autre part l'espoir d'une récompense.
Le théologien est un homme de foi qui utilise ses ressources intellectuelles pour éclaircir sa croyance, donc l'usage de la raison et la pratique de la philosophie ne sont pas contraire au coran et à la religion c'est ce qu'affirme Averroès, de plus l'imam AL Ghazali confirme que "La quête du sens divin n'exclut pas la raison".
La raison doit aider à décrypter le sens caché du texte religieux ,par contre l'incapacité a tout comprendre par la raison a permis à Kant de dire que la religion est un prolongement naturel de la philosophie, là où la raison s'arrête elle laisse place à la foi pour Kant "J'ai du abolir le savoir pour faire place à la croyance" et ceci grâce au décalage entre le phénomène et le noumène.
Ainsi, nous constatons que la foi et la raison se complètent mais elles n'ont pas les mêmes façons d'agir et que se sont deux procédés dont la réunification serait difficile.
La philosophie n'est ni le mythe, ni la religion mais aussi elle n'est non plus la science.
3) La philosophie et la science
Même si la science est une partie intégrante de la philosophie comme le souligne Descartes quand il considère la philosophie comme un arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc la physique et les branches les autres sciences il s'avère être évident qu'elles se différencient de plus en plus.
Cette conception de la philosophie comme mère de toutes les sciences sera ébranlée au $XVII^{ième}$ siècle avec l'apparition de la méthode expérimentale et le développement des sciences positives qui ont favorisé le détachement progressif des autres disciplines.
Ainsi, la philosophie et la science soucieuses de la cohérence, de la rigueur, de la démonstration et de la rationalité dans la quête du savoir ont respectivement des démarches et des caractères qui leurs sont spécifiques.
D'après André Lalande, "La science est un ensemble de connaissance et de recherche ayant un degré suffisant d'unité et de généralité susceptible d'amener les hommes qui s y consacrent à des conclusions concordantes qui ne résultent ni du gout qui leurs sont commun, ni de convention arbitraires, mais de relations objectives que l'on découvre graduellement et que l'on confirme par des méthodes de vérifications définies".
Ainsi, apparaissent les caractères importants de la science que sont : la rationalité, l'universalité et l'objectivité.
La science pour répondre et satisfaire ses besoins intellectuels explique les faits par des constructions idéales appelées Théories qui rendent compte des phénomènes naturels par des lois générales.
Par conséquent, nous voyons nettement que les progrès et les découvertes de la science ont joué un très grand rôle dans l'évolution et le développement de l'humanité au moment où la philosophie n'a pas encore trouver ce qu'elle cherche.
Les réalisations de la science montrent que le rôle de la philosophie est négligeable, dans la mesure où la philosophie n'a pas produit de résultats concret en plus de sa non universalité et de sa subjectivité qui font d'elle une discipline ésotérique.
Au moment où l'humanité aspire à un développement concret la philosophie en est à un stade d'une méditation discursive et contradictoire.
C'est ce que remarque Paul Valéry lorsqu'il considère la philosophie comme une activité oisive en affirmant que "La philosophie est un simple jeu de mots, un bavardage inutile".
Par contre, Karl Jaspers quand à lui soutient que l'homme ne peut pas se passer de la philosophie, car la science ne parvient pas à régler la question de l'existence c'est d'ailleurs ce que soutient catégoriquement Schopenhauer en affirmant que "L'homme est un animal métaphysique".
Il est évident que les sciences et les techniques ont concouru massivement au développement de l'humanité, mais elles ne parviennent pas à gérer les questions sur l'existence, la morale, la sagesse, l'étique etc...
Rabelais l'a confirme en disant que "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".
Ainsi, malgré les critiques dont elle fait l'objet la philosophie garde sa place dans le développement de l'humanité.
Cependant, de nos jours les sciences s'avèrent être au devant même de la réflexion philosophique pour certains comme louis Althusser qui paraphrasant Hegel soutient que "La philosophie se lève le soir tombé, lorsque la science née à l'aube à déjà parcouru l'espace d'une longue journée".
Depuis son histoire, en passant par ses origines et sa spécificité nous constatons qu'il y a une problématique à circonscrire et à délimiter exactement ce qu'est la philosophie.
IV. La problématique de sa définition et les tentatives de définition
De la Grèce antique jusqu'à la période moderne en passant par la période médiévale, la réflexion philosophique est passée par différentes formes de pensées.
Par conséquent, nous voyons nettement que les problèmes pour la définir ont engendré cette multitude de façons de tenter de la délimiter.
1) La problématique de sa définition
La question de la définition de la philosophie à savoir qu'est ce que la philosophie ? a suscité de vives polémiques au niveau de l'histoire de la pensée humaine.
Son non universalité qui est l'un des caractéristiques de sa spécificité entraina ainsi cette multitude de réponses diversifiées qui n'ont pas parvenu à répondre exactement à la question.
Ce constat réel est légitime par le fait que le concept de philosophie est un polysémique ambigu et équivoque qui ne peut être définit exactement à l'unanimité.
Dans les autres disciplines (histoire, géographie etc...) la définition n'a jamais posé de problème parce qu'elles ont des objets d'études précis et un champ d'étude bien délimité.
Par contre, la réflexion philosophique quand à elle n'a ni champ d'étude ni objet précis pouvant lui valoir une définition exacte.
C'est pourquoi, Karl Jaspers dans son œuvre introduction à la philosophie déclare "On n'est d'accord ni sur ce qu'est la philosophie, ni sur ce qu'elle vaut.
Mais, accepter cette pluralité de définitions signifie - t - elle ou doit elle signifier renoncer à la philosophie ou la discréditer ?"
Cette affirmation de Jaspers ne devrait par être comprise comme une incapacité car la pluralité et la diversité des opinions philosophiques ne constituent pas une antiphilosophie, mais un enrichissement qui fait sa complexité et sa valeur, c'est ce qui a valu à Hegel de dire que "L'histoire de la philosophie se manifeste dans les philosophies".
Ces oppositions et ces contradictions qui la caractérisent des autres disciplines permettent à la philosophie de ne pas tomber dans le discours fermé, auto suffisant et dogmatique qui rendrait difficile l'accès à la vérité.
Donc, nous constatons que la réflexion philosophique s'efforce et s'aventure à expliquer rationnellement l'univers en entier d'où les questions pertinentes de Kant Que dois- je faire ?, Que puis - je savoir ? Que m'est - il permit d'espérer ? qu'il résume en une seule question fondamentale Qu'est ce que l'homme ?
Cette problématique à la délimiter est la cause de ses pluralités de définitions diverses.
2) Les tentatives de définitions
Répondre à la question qu'est ce que la philosophie ? Est une interrogation qui ne prend place que dans l'espace de la philosophie, car c'est à elle seule qu’ est donné cette opportunité d'adresser ces questions de la sorte et de recueillir un traitement illustratif de celle ci.
Les métaphysiques, la biologie etc... ne s'arrêteront à ce que sont les maths ou la biologie seul la philosophie peut résoudre cette question du Qu'est ce que ?
C'est partant de là que Heidegger remarque que "La philosophie en tant que physique ne peut rien dire de la philosophie".
C'est dire que la philosophie adresse aux autres et à elle même la question du Qu'est ce que ?
Ainsi, nous voyons nettement que définir la philosophie n'est pas une chose facile à cause de ses tentatives plurielles de définitions.
a) La philosophie comme amour de la sagesse
Étymologiquement la philosophie est tirée de philia = amour et de sophia = sagesse ce qui veut traduire littéralement l'amour de la sagesse.
L'amour est considéré ici comme le fait de tendre vers de recherche d'un manque.
La sagesse quand à elle implique une connaissance parfait soit dans un domaine ou dans tous les domaines.
Platon répond à la question Qu'est ce que la philosophie ? Dans un extrait d'un banquet que se sont les seuls qui sont à mi - chemin entre l'ignorance et le savoir et s y adonner.
Il illustre cette thèse par le mythe d'éros Éros est présenté comme un démon dans le banquet de Platon.
fils de penia (le manque) et de péros (l'abondance) il est un être intermédiaire entre les dieux et les mortels.
Éros ne peut être que nature purement divine (les dieux ne désirent pas parce qu'ils sont comblés), mais il n'est pas non plus comme penia (manque, un pur manque).
C'est donc un "démon" qui incarne la philosophie même dans sa dimension de quête perpétuelle du savoir.
Platon établit en effet une analogie entre l'amour intermédiaire entre possession et non possession et la philosophie qui se trouve entre le savoir accompli et l'ignorance totale.
Donc, nous voyons que le philosophe est celui qui ignore et sait qu'il ignore.
Platon le confirme dans les enseignements du $1^{er}$ Alcibiade qui est l'un des dialogues initiaux de Platon.
Il y montre que "Les erreurs de conduites proviennent de cette ignorance qui consiste à croire qu'on sait alors qu'on ne sait pas".
Celle ci est le fait des pirs esprits.
Ainsi nous saisissons la distinction entre ces trois esprits :
$-\ $ Être conscient de son savoir (le savant) ;
$-\ $ A voir conscience de son ignorance (le philosophe) et l'amoureux de la sagesse
$-\ $ Et ignorer sa propre ignorance (ignorant).
L'ignorant qui est conscient de son ignorance (le philosophe) entend dépasser cette ignorance par la conquête du savoir par le biais du désir et de l'amour qu'il a de ce savoir.
L'amour est une tendance attractive qui n'est vivant que dans la distance.
Platon l'illustre quand il disait que "Désirer ce qui n'est pas actuel, ni présent ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque voilà les objets du désir et de l'amour".
Pour Descartes "Par la sagesse on entend pas seulement la prudence dans les affaires mais une parfaite connaissance de toutes les choses qu'on peut savoir, tant pour la conduite de sa vie, que pour la conservation de sa santé et l'invention de tous les arts.
Ainsi, la sagesse apparait comme une connaissance profonde, dans le procès définitionnel cartésien Principiade".
La philosophie n'est jamais la recherche de la sagesse ni sa possession elle est le fait de Dieu qui omniscient, omniprésent et omnipotent ne saurait chercher à savoir.
b) La philosophie comme connaissance de la totalité du savoir
La philosophie étant un savoir totalitaire regroupé en son sein toutes les autres branches de la connaissance pour en faire un moyen d'être maitre et possesseur de la nature.
Cette fonction libératrice de la philosophie Aristote l'a soutenu quand il déclara que "Le philosophe est celui qui possède le savoir dans la mesure du possible".
Cette conception encyclopédique de la philosophie est aussi soutenue par Descartes dans les principes de la philosophie quand il assimile la philosophie à un arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc, la physique et les branches toutes les autres sciences.
Donc la philosophie est restée la mère de toutes les sciences
Jusqu'au $XVII^{ième}$ siècle, le moment ou les autres sciences avec l'émergence de la technique et des méthodes expérimentales se sont détachées d'elle.
c) La philosophie comme questionnements et réflexions critiques
La philosophie se veut aussi un perpétuel questionnement et une remise en cause permanente de la vérité.
C'est ce qu'affirme Karl Jaspers en ces termes "Philosopher c'est être en route en philosophie les questions sont plus essentielles que les réponses et chaque réponses devient une nouvelle question".
Philosopher c'est aussi suspendre son jugement un instant et rompre avec les incertitudes et les apparences.
C'est partant de là que Maurice Merleau Ponty compare le philosophe à un homme qui saute quand tout le monde marche droit.
Ainsi, la philosophie apparait comme le lieu de la contestation et du refus d'un quelconque savoir établit, ce qui fait dire à Ponty que "La fonction de toutes les philosophies est de contester et son destin est d'être contesté" donc elle n'est qu'une permanente interrogation.
Selon Platon, la philosophie c'est la forme définitive, transmissible de l'écriture à une pensée qui est présentée comme indissociable de la parole vive, surgissant des questions et des réponses échangées entre des interlocuteurs singuliers.
Donc, nous voyons ici que la philosophie serait un effort d'élucidation, d'explication et d'interrogation des énigmes de l'humanité Jaspers le confirme en ces termes "La philosophie se trahit elle même lorsqu'elle dégénère en dogmatisme c'est à dire un savoir mis en formule définitive et complète".
Ainsi, Alain dira qu'en philosophie toute vérité devient fausse lorsqu'on s'en contente.
Le philosophe se caractérise par une attitude questionneuse car sa conscience est une conscience inquiète, douteuse et insatisfaite.
Auteur:
Lamine Faye
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