La traite négrière au Sénégal - 4e

Le Sénégal a joué un rôle important dans la traite négrière. Il a été en effet un carrefour commercial très stratégique entre l’Europe, l’Amérique et le reste de l’Afrique.

Dès le $15$ ième siècle, les portugais remontent les côtes africaines sous l’impulsion d’Henri le navigateur $(1394-1466).$ Denis Dias découvre l’ile de Gorée en $1444.$ Les marins néerlandais suppléeront rapidement les portugais et s’emparent de la Gorée en $1621.$ Ce sont ces mêmes hollandais qui ont donné le nom de Gorée qui signifie la « good raid » car c’était l’une des meilleures raide de la cote africaine. Toutefois cette longue présence néerlandaise (30 ans) n’empêchera pas les français de se battre qui finirent par récupérer cette ile $50$ ans après c'est-à-dire $1671.$ Ils l’ajoutèrent ainsi aux établissements qu’ils possédaient déjà à Rufisque, Portudal et Joal. Au par avant, Saint-Louis fut créé par ces mêmes français des $1659.$ Ils s’installeront dans l’ile de Gorée dans jusqu’à l’indépendance du Sénégal.

Esclave ou « djam » chez les wolofs, « matthioudos » chez les Halpoular existait dans la société Sénégalaise à travers les diverses entités politiques. On pouvait distinguer 3 catégories d’esclaves dans cette société Sénégalaise.
Djam-i-buur ou l’esclave de la couronne
Djam-i-dioudou un esclave de case
Djam-i-dayour un esclave de traite
L’économie de la plupart des royaumes sénégalais était basée sur la politique de l’esclavage. Le royaume du Tekrour par exemple était connu dès le $11$ ième siècle par ses pratiques esclavagistes. Il était une piste de la caravane qui reliait l’arabe à l’afrique à travers laquelle transitaient plusieurs marchandises dont les esclaves. On les appelait d’ailleurs « bois d’ébène » avec la présence européenne. Très rapidement la traite devient une institution dont la gestion et l’organisation était le fait de grandes compagnies à l’image de celle crée par le Sénégal en $1633.$ Le Sénégal occupe une place stratégique dans ce trafic car il était largement ouvert sur l’océan atlantique. Gorée et Saint-Louis furent les principaux ports de déparquement. Portudal, Joal, Carabane et Bakel étaient aussi des points secondaires principalement alimentés par les Bambaras alors que les esclaves déportés à partir de Gorée provenaient pour la plupart du Cayor et du Baol. Selon les estimations le nombre d’esclave déporté dans les concessions du Sénégal entre $1696$ et $1799$ s’évalue à $29206$. Mais selon le professeur M’baye Gueye dans l’esclavage au Sénégal (thèse doctorat de $3$ ième cycle) $50000$ captifs ont été traités dans la concession du Sénégal entre le $17$ ième et $19$ ième siècle.

Les conséquences sont importantes et nombreuses. Elles sont d’ordre politique, social et économique :
•  Au niveau politique : la traite est considérée comme un mal ayant atteint le Sénégal dans sa vie politique. La traite donne naissance à de nouveaux riches et de nouvelles fonctions. Par exemple, les lamanes du Cayor voient leur pouvoir s’accroitre avec la traite. Très vite donc, ces lamanes du Cayor, royaume côtier s’attaqueront au Djolof et briseront ainsi la domination de cet empire sur le Cayor. C’est ainsi que le Djolof se disloquera et le Cayor fut indépendant. Au même moment, les comptoirs de commerce de Saint-Louis, Portudal, Joal et Gorée tiennent leur existence de la traite négrière. Gorée fera ainsi office de chef de lieu de station navale d’Afrique. Elle fut particulièrement chargée de donner la chasse aux bateaux négriers. L’importance de ce statut que tenait Gorée à l’époque avait fait qu’on eut consacré pour elle le privilège d’abriter en 1846 250 esclaves et un bateau négrier (la corvette d’Australie) aux larges des cotes anglaises. Après $3$ ans de détention dans l’ile, des affranchies furent installées au Gabon ou ils fondèrent Libreville.
•  Au niveau social et démographique : Ici la première conséquence fut le dépeuplement du pays. Ensuite la déstructuration des liens sociaux et culturels se précisent d’avantage. C’est par exemple la naissance d’une nouvelle classe sociale (mulâtresse et métis) surtout à Saint-Louis, Gorée et Rufisque.En plus de cela, il y’a eu la dégradation des mœurs au niveau des comptoirs respectifs.
•  Sur le plan économique : le dépeuplement ayant entrainé la perte des bras les plus valides, il va de soi que les produits dans tous les domaines (agricoles, halieutiques, miniers…) en souffrant profondément. C’est alors le déclin économique de nombreuses localités du pays. La disette, la famine et les maladies s’installent par conséquent dans ces localités et aggravent les dures conditions d’existence des populations.

L’abolition, c’est la fin de l’esclavage. Elle est instituée par décret du $27$ avril $1848$ sous l’initiative de Victor Schœlcher. C’est ainsi que le gouverneur Baudin créa deux villages de libertés à Saint-Louis que sont : Ndar Tout et Sor. Ce fut ensuite la création de Beuthes Khor par les missionnaires de la S.M.P (société des missionnaires de Paris) en $1880.$ Cependant, les villages de libertés les plus importants étaient Podor (près de Matam) Maka kaba Gamon, Diendé dans le Niany Wouly. D’autres villages seront créés : Tambacounda, Kaolack, Carabane. La nouvelle loi ne vit son application qu’au début du $20$ ième siècle.

Les européens sont présents au Sénégal depuis le $15$ ième siècle. Cette présence aura plus tard pour conséquence la traite des esclaves comme pour la plupart des pays Africains. Celle-ci durera jusqu’à la fin du $19$ ième siècle et entrainera le dépeuplement, la perte de certaines valeurs mais aussi l’appauvrissement.