Après le cours magistral sur la technique de commentaire, nos élèves peinent toujours à lire et comprendre un texte philosophique. Dans le souci d’aider, j’entame une série d’étude de texte par des exemples.

Il est particulièrement nécessaire qu’on fasse de nouveau du « philosopher » une affaire sérieuse.
Pour toutes les sciences, les arts, les talents les métiers, prévaut la conviction qu’on ne les possède pas sans se donner de la peine et faire l’effort de les apprendre et de les pratiquer. Quand on en vient à la philosophie,c’est un tout autre préjugé qui paraît régner aujourd’hui ; si quiconque ayant des yeux et des doigts, à qui on fournit du cuir et un instrument, n’est pas pour cela en mesure de faire des souliers,-on croit que chacun s’entend pourtant à philosopher et à apprécier la philosophie, puisqu’il possède pour cela la mesure dans une raison naturelle, comme s’il ne possédait pas également dans son pied la mesure d’un soulier Il semble que laa possession de la philosophie soit posée précisément dans le défaut de connaissance et d’étude et que celle-ci cessent quand la philosophie commence. On tient souvent la philosophie pour un savoir formel, vide de contenu, et on perd trop de vue ce qui est vérité aussi selon le contenu dans quelque connaissance et science que ce soit peut seulement mériter ce nom de vérité, s’il a été engendré par la philosophie.

Dans un texte comme celui-ci, la première étape consiste à trouver  sa structure ; c’est-à-dire les idées et leur articulation. On voit bien que Hegel est entrain de réfuter une thèse. Donc le  texte se présente comme une réfutation.
La deuxième étape consiste à trouver son entrée à partir de quoi on détermine la structure du texte. Une des entrées du texte  consiste à réfuter (contester) un préjugé. Le concept de « préjugé » va nous permettre alors de schématiser notre texte pour pouvoir ensuite le reconstituer. Dans le cours magistral on considère que le commentaire est d’abord une analyse et ensuite une synthèse.

 Sa vraie nature est dans un travail  conceptuel ou un effort de conceptualisation  de la réalité afin de trouver la vérité

Synthèse: reconstruction des idées en un tout
 Hegel dénonce un certain nombre de fausses conceptions de la philosophie qui s’articule en une absence d’effort et d’un travail de rationalisation. Il entend alors rétablir la philosophie dans ses droits et lui redonner ainsi sa vraie fonction.

A la fin de l’année on demande à un élève de terminal, non de savoir beaucoup, mais de faire preuve surtout d’une grande capacité d’analyse. L’élève de Terminal devrait aussi  être en mesure  de tirer un maximum de déductions face à une idée philosophique. Par exemple
« Le cœur  a ses  raisons que la raison ne connaît point »
                  Garnier Flammarion, 1976, §277, P.127 Blaise Pascal
C’est une phase qui exprime une idée. Mais les idées sont véhiculées à travers des concepts bien articulés. On va devoir analyser les éléments qui composent la phrase : ici il s’agit  des concepts :
Cœur : L’entrée ou le siège par où nous éprouvons les sentiments (émotions et passions)
C’est  aussi une connaissance intuitive ou une faculté nous permettant  d’appréhender immédiatement le réel. C’est donc la faculté du particulier et de l’individuel
Raisons : Motif, cause, la source ou le principe explicatif d’un effet. En d’autres termes il s’agit des moyens qui permettent de comprendre ou de justifier un état de fait.
RAISON : faculté de penser discursivement (logiquement) par opposition au cœur qui sait le réel immédiatement. C’est aussi une faculté pour distinguer le vrai du faux ; le bien du mal
En se fondant sur l’analyse des concepts, on peut tirer des implications en commençant par les plus évidentes