L’Etat
Introduction
De nos jours l’Etat apparait comme le cadre privilégié pour structurer une société. C’est parce que l’Etat est considéré comme l’émanation directe de la société laquelle désigne strictement, selon André Lalande, « un ensemble d’individus dont les rapports sont consolidés en institutions et même, le plus souvent, garantis par l’existence de sanctions, soit codifiées, soit diffuses, qui font sentir à l’individu l’action et la contrainte de la collectivité. »
Bien qu’il soit son émanation directe, l’Etat n’est pas la seule organisation possible qu’une société puisse adopter ; et il ne doit pas, par conséquent, être confondu avec celle-ci. En effet l’Etat désigne au sens propre du terme une collectivité juridiquement organisée ayant un fondement sociologique et une base territoriale. Ainsi sociologues, géographes et juristes sont unanimes pour dire pour qu’un Etat existe il faut trois conditions sine qua none à savoir : l’existence d’un territoire, celle d’une population et d’un pouvoir central. L’Etat entretient donc une relation étroite avec le pouvoir et le droit. Le pouvoir, d’une manière générale, peut prendre diverses formes mais celui de l’Etat est spécifique : c’est d’ailleurs cette particularité qui fait que toute organisation de la société n’est pas forcément un Etat. Dans un Etat, il s’agit surtout de fonder un pouvoir politique qui, en tenant compte des principes avancés, révèle la diversité des pensées politiques. Mais si c’est la particularité du pouvoir qui détermine la notion d’Etat, il faut reconnaître que l’Etat, au sens restreint du terme, désigne tout simplement l’organisation gouvernementale : c’est dire que l’Etat est réduit à ceux qui sont investis du pouvoir politique. La question majeure est : qu’est-ce qui distingue le pouvoir étatique des autres formes de pouvoir ? Sur quoi se fonde un pouvoir d’Etat ? Qu’est ce qui légitime la concentration de ce pouvoir sur un groupe d’individus. En vue de quoi l’Etat est-il est institué? Autrement dit quelles sont les fonctions de l’Etat ? Remplit-il toujours les missions qui lui sont dévolues ? Ces questions tournent autour de la problématique d’une rupture ou d’une coïncidence entre la volonté de l’Etat et celle des populations. De cette problématique trois points essentiels se dégagent que sont les fondements, les formes et les fonctions de l’Etat.
Bien qu’il soit son émanation directe, l’Etat n’est pas la seule organisation possible qu’une société puisse adopter ; et il ne doit pas, par conséquent, être confondu avec celle-ci. En effet l’Etat désigne au sens propre du terme une collectivité juridiquement organisée ayant un fondement sociologique et une base territoriale. Ainsi sociologues, géographes et juristes sont unanimes pour dire pour qu’un Etat existe il faut trois conditions sine qua none à savoir : l’existence d’un territoire, celle d’une population et d’un pouvoir central. L’Etat entretient donc une relation étroite avec le pouvoir et le droit. Le pouvoir, d’une manière générale, peut prendre diverses formes mais celui de l’Etat est spécifique : c’est d’ailleurs cette particularité qui fait que toute organisation de la société n’est pas forcément un Etat. Dans un Etat, il s’agit surtout de fonder un pouvoir politique qui, en tenant compte des principes avancés, révèle la diversité des pensées politiques. Mais si c’est la particularité du pouvoir qui détermine la notion d’Etat, il faut reconnaître que l’Etat, au sens restreint du terme, désigne tout simplement l’organisation gouvernementale : c’est dire que l’Etat est réduit à ceux qui sont investis du pouvoir politique. La question majeure est : qu’est-ce qui distingue le pouvoir étatique des autres formes de pouvoir ? Sur quoi se fonde un pouvoir d’Etat ? Qu’est ce qui légitime la concentration de ce pouvoir sur un groupe d’individus. En vue de quoi l’Etat est-il est institué? Autrement dit quelles sont les fonctions de l’Etat ? Remplit-il toujours les missions qui lui sont dévolues ? Ces questions tournent autour de la problématique d’une rupture ou d’une coïncidence entre la volonté de l’Etat et celle des populations. De cette problématique trois points essentiels se dégagent que sont les fondements, les formes et les fonctions de l’Etat.
I. Les formes du pouvoir
1) Une origine plurielle
La notion de pouvoir constitue un noyau de sens autour duquel gravitent l’idée de force, de puissance, de pression, de domination et surtout celle d’autorité. Il s’agit d’une
contrainte extérieure destinée à modifier ou à produire un effet sur le comportement d’un sujet. Où peut donc résider cette capacité de contraindre quelqu’un à faire quelque chose ?
Se focalisant sur les hommes, la notion de pouvoir n’a pas seulement une origine politique et les formes de pouvoir sont déterminées par leur origine.
La domination est avant tout naturelle car le phénomène du pouvoir est commun aux sociétés humaines et animales. Dans tout groupe social, en effet, il y a un ou quelques individus qui se dégagent de ce groupe pour assurer à la fois l’ordre et la direction de celui-ci. C’est parce que, selon Kant, l’homme a toujours besoin d’un maître pour éviter l’excès dans l’exercice de sa liberté. Un tel maître qui incarne une certaine autorité est en effet indispensable pour élever l’homme au-dessus de sa condition d’animalité. C’est donc naturellement qu’il y a eu concentration du pouvoir par un groupe d’individus ; laquelle concentration se justifie par la nécessité de maintenir l’homme dans l’ordre et la discipline. Ce pouvoir qui est dans l’ordre des choses peut se muer en une domination simplement physique comme celle du lion dans la forêt. Elle demeure alors une domination brute qui réside dans la force ou plus précisément dans la violence. C’est pourquoi les armes ont été et demeurent le plus souvent la source du pouvoir. C’est dans ce sens qu’Alain écrit : « Il n’y a qu’un pouvoir, qui est militaire. Les autres pouvoirs font rire et laissent rire ». De nos jours on redoute un Etat à cause des moyens matériels, logistiques et humains dont son armée dispose plus que tout autre motif. Max Weber, considérant qu’un Etat a toujours besoin de cette force brute pour faire respecter le droit, définit d’ailleurs l’Etat comme le monopole de la violence légitime. Faire la peur est alors un moyen efficace pour exercer sa domination.
La domination peut être également économique. Dans cet ordre d’idées l’origine du pouvoir demeure l’argent. Pour Marx et les marxistes c’est l’avoir qui donne le vrai pouvoir et qui dépouille en même temps les autres pouvoirs de leur essence. Marx écrit à juste titre : «Ce que je ne puis en tant qu’homme, donc ce que ne peuvent toutes mes forces essentielles d’individu, je le puis grâce à l’argent. L’argent fait donc de chacune de ces forces essentielles ce qu’elle n’est pas en soi ; c’est-à-dire qu’il en fait son contraire ». On comprend aisément que la domination d’une nation par rapport aux autres s’explique par sa puissance économique. En effet dans ce contexte de la mondialisation, une économie faible signifie impérativement qu’on subit le dictat des pouvoirs financiers contrôlés par des puissances économiques. Dans ce contexte, c’est l’avoir qui est le pouvoir.
Le pouvoir peut avoir comme fondement le savoir. Dans ce cas le pouvoir s’exprime par une maîtrise de soi et du réel. D’une part c’est parce que c’est la maîtrise de nos désirs, de nos jugements et de nos actes qui révèle notre puissance intérieure en nous offrant ainsi une
liberté de l’esprit. Et d’autre part avoir un pouvoir sur les choses passera nécessairement par cette maîtrise sur soi. Les stoïciens ont eu à défendre avec rigueur qu’être maître de soi est la vraie force qu’un homme puisse posséder. De plus Platon et Descartes recommandent que le pouvoir soit concentré entre les mains des sages car sans le savoir le pouvoir risque de devenir la source de tous les dangers. Un tel pouvoir qui serait à l’origine des abus et des maux finira toujours par s’autodétruire. Donc c’est pour dire que la vraie source du pouvoir est la sagesse. C’est pourquoi d’ailleurs Platon, à la suite de Marc Aurèle, demande à ce que les rois deviennent philosophes où que les philosophes deviennent rois. S’inscrivant dans cette même lancée Descartes soutient que c’est la connaissance scientifique et technique seule qui peut nous rendre maître et possesseurs de la nature. Si l’homme parvient à dompter la nature et ainsi à avoir un pouvoir sur toute chose c’est uniquement grâce à la science. Bacon écrit à ce propos : « La science et la puissance humaine se correspondent dans tous les points et vont au même but ; c’est l’ignorance où nous sommes de la cause qui nous prive de l’effet… »
Bref un pouvoir peut être mystique ou religieux. Ce pouvoir entouré de mystères a sa source dans l’ordre du surnaturel. En effet qu’il soit des formules ou des versets à réciter pour agir sur les choses ou sur les hommes, le magicien ou le marabout possède un super pouvoir. Dieu ou les Esprits qu’ils invoquent sont toujours de l’ordre de l’irréel et de l’intemporel. Un pouvoir sacré dont l’origine est secrète dépasse l’entendement humain et ne trouve guère une explication rationnelle. Ce pouvoir incarné le plus souvent par une personne charismatique est un don de la nature. Les théologiens défendent d’ailleurs que tout pouvoir vienne de dieu et c’est ce pouvoir divin qui surplombe tous les autres pouvoirs. Dans le Nouveau Testament, Epître de saint Paul aux Romains, 13,12 on peut lire : « Que toute puissance soit soumise aux puissances supérieures : car il n’y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et c’est lui qui a établi toutes celles qui sont sur la terre. Celui donc qui résiste aux puissances résiste à l’ordre de Dieu : et ceux qui y résistent attirent la condamnation sur eux-mêmes. ». On assiste alors à une sacralisation et une mystification du pouvoir. Dans la tradition notamment africaine, les rois ou les empereurs, pour asseoir leur domination, accompagnaient leur règne d’un certain mysticisme. C’est pourquoi tout un cérémonial était déployé lors de leur investiture au trône.
L’histoire a donc connu diverses formes de pouvoir très différentes de celui de l’Etat qu’il nous faut clarifier. En quoi le pouvoir d’Etat est différent des pouvoirs traditionnel, charismatique ou physique… ? Quels sont les caractéristiques d’un pouvoir d’Etat ? Dans quel domaine le pouvoir d’Etat s’exerce-t-il ? Ce pouvoir n’a-t-il pas de fondement autre celui d’une pure violence ou d’une seule assise financière? Telles sont les questions qui prennent en charge les caractéristiques du pouvoir étatique.
contrainte extérieure destinée à modifier ou à produire un effet sur le comportement d’un sujet. Où peut donc résider cette capacité de contraindre quelqu’un à faire quelque chose ?
Se focalisant sur les hommes, la notion de pouvoir n’a pas seulement une origine politique et les formes de pouvoir sont déterminées par leur origine.
La domination est avant tout naturelle car le phénomène du pouvoir est commun aux sociétés humaines et animales. Dans tout groupe social, en effet, il y a un ou quelques individus qui se dégagent de ce groupe pour assurer à la fois l’ordre et la direction de celui-ci. C’est parce que, selon Kant, l’homme a toujours besoin d’un maître pour éviter l’excès dans l’exercice de sa liberté. Un tel maître qui incarne une certaine autorité est en effet indispensable pour élever l’homme au-dessus de sa condition d’animalité. C’est donc naturellement qu’il y a eu concentration du pouvoir par un groupe d’individus ; laquelle concentration se justifie par la nécessité de maintenir l’homme dans l’ordre et la discipline. Ce pouvoir qui est dans l’ordre des choses peut se muer en une domination simplement physique comme celle du lion dans la forêt. Elle demeure alors une domination brute qui réside dans la force ou plus précisément dans la violence. C’est pourquoi les armes ont été et demeurent le plus souvent la source du pouvoir. C’est dans ce sens qu’Alain écrit : « Il n’y a qu’un pouvoir, qui est militaire. Les autres pouvoirs font rire et laissent rire ». De nos jours on redoute un Etat à cause des moyens matériels, logistiques et humains dont son armée dispose plus que tout autre motif. Max Weber, considérant qu’un Etat a toujours besoin de cette force brute pour faire respecter le droit, définit d’ailleurs l’Etat comme le monopole de la violence légitime. Faire la peur est alors un moyen efficace pour exercer sa domination.
La domination peut être également économique. Dans cet ordre d’idées l’origine du pouvoir demeure l’argent. Pour Marx et les marxistes c’est l’avoir qui donne le vrai pouvoir et qui dépouille en même temps les autres pouvoirs de leur essence. Marx écrit à juste titre : «Ce que je ne puis en tant qu’homme, donc ce que ne peuvent toutes mes forces essentielles d’individu, je le puis grâce à l’argent. L’argent fait donc de chacune de ces forces essentielles ce qu’elle n’est pas en soi ; c’est-à-dire qu’il en fait son contraire ». On comprend aisément que la domination d’une nation par rapport aux autres s’explique par sa puissance économique. En effet dans ce contexte de la mondialisation, une économie faible signifie impérativement qu’on subit le dictat des pouvoirs financiers contrôlés par des puissances économiques. Dans ce contexte, c’est l’avoir qui est le pouvoir.
Le pouvoir peut avoir comme fondement le savoir. Dans ce cas le pouvoir s’exprime par une maîtrise de soi et du réel. D’une part c’est parce que c’est la maîtrise de nos désirs, de nos jugements et de nos actes qui révèle notre puissance intérieure en nous offrant ainsi une
liberté de l’esprit. Et d’autre part avoir un pouvoir sur les choses passera nécessairement par cette maîtrise sur soi. Les stoïciens ont eu à défendre avec rigueur qu’être maître de soi est la vraie force qu’un homme puisse posséder. De plus Platon et Descartes recommandent que le pouvoir soit concentré entre les mains des sages car sans le savoir le pouvoir risque de devenir la source de tous les dangers. Un tel pouvoir qui serait à l’origine des abus et des maux finira toujours par s’autodétruire. Donc c’est pour dire que la vraie source du pouvoir est la sagesse. C’est pourquoi d’ailleurs Platon, à la suite de Marc Aurèle, demande à ce que les rois deviennent philosophes où que les philosophes deviennent rois. S’inscrivant dans cette même lancée Descartes soutient que c’est la connaissance scientifique et technique seule qui peut nous rendre maître et possesseurs de la nature. Si l’homme parvient à dompter la nature et ainsi à avoir un pouvoir sur toute chose c’est uniquement grâce à la science. Bacon écrit à ce propos : « La science et la puissance humaine se correspondent dans tous les points et vont au même but ; c’est l’ignorance où nous sommes de la cause qui nous prive de l’effet… »
Bref un pouvoir peut être mystique ou religieux. Ce pouvoir entouré de mystères a sa source dans l’ordre du surnaturel. En effet qu’il soit des formules ou des versets à réciter pour agir sur les choses ou sur les hommes, le magicien ou le marabout possède un super pouvoir. Dieu ou les Esprits qu’ils invoquent sont toujours de l’ordre de l’irréel et de l’intemporel. Un pouvoir sacré dont l’origine est secrète dépasse l’entendement humain et ne trouve guère une explication rationnelle. Ce pouvoir incarné le plus souvent par une personne charismatique est un don de la nature. Les théologiens défendent d’ailleurs que tout pouvoir vienne de dieu et c’est ce pouvoir divin qui surplombe tous les autres pouvoirs. Dans le Nouveau Testament, Epître de saint Paul aux Romains, 13,12 on peut lire : « Que toute puissance soit soumise aux puissances supérieures : car il n’y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et c’est lui qui a établi toutes celles qui sont sur la terre. Celui donc qui résiste aux puissances résiste à l’ordre de Dieu : et ceux qui y résistent attirent la condamnation sur eux-mêmes. ». On assiste alors à une sacralisation et une mystification du pouvoir. Dans la tradition notamment africaine, les rois ou les empereurs, pour asseoir leur domination, accompagnaient leur règne d’un certain mysticisme. C’est pourquoi tout un cérémonial était déployé lors de leur investiture au trône.
L’histoire a donc connu diverses formes de pouvoir très différentes de celui de l’Etat qu’il nous faut clarifier. En quoi le pouvoir d’Etat est différent des pouvoirs traditionnel, charismatique ou physique… ? Quels sont les caractéristiques d’un pouvoir d’Etat ? Dans quel domaine le pouvoir d’Etat s’exerce-t-il ? Ce pouvoir n’a-t-il pas de fondement autre celui d’une pure violence ou d’une seule assise financière? Telles sont les questions qui prennent en charge les caractéristiques du pouvoir étatique.
2) Les caractéristiques du pouvoir d’Etat
a) Un pouvoir institutionnalisé
Le pouvoir de l’Etat revêt plusieurs caractéristiques dont l'efficacité, la souveraineté et la légitimité. Pour souligner la spécificité du pouvoir d’Etat, J. Donnedieu de Vabres écrit : « Le terme d'État évoque d'abord l'idée de pouvoir, de pouvoir efficace, protégé, organisé (…) Pouvoir efficace, l'État implique aussi un pouvoir souverain (…) Cette souveraineté s'affirme à la fois sur le plan interne et sur le plan international (…) l'État se définit encore comme pouvoir légitime (…)"
Mais il faut surtout noter que le pouvoir d’Etat qui s’exerce sur le champ politique est institutionnalisé et consenti. Un pouvoir est institutionnalisé lorsqu’il y a séparation entre la personne du chef et l’instance qui en est le seul titulaire. Le terme Etat marque d’ailleurs ce caractère d’équilibre et de continuité malgré le changement des personnes qui exercent le pouvoir en son nom. L’institutionnalisation du pouvoir implique qu’il n’est rattaché à aucun nom ou une lignée. L’Etat est donc une institution, une instance juridique dont le pouvoir n’est ni diffus ni personnalisé. D’ailleurs la grande différence de l’Etat d’avec les organisations sociales comme les royaumes, les hordes, les clans, les tribus réside dans le caractère non diffus et non personnel de son pouvoir. En effet le pouvoir de l’Etat n’est pas diffus dans la mesure où il y a bel et bien une nette distinction entre les dirigeants et les gouvernés. L’Etat est donc une puissance publique dont les personnes investis du pouvoir sont dans un ordre hiérarchique. Il s’agit d’un pouvoir déconcentré certes ; mais l’ultime autorité demeure le chef de l’Etat ou du gouvernement.
La notion du droit est fortement liée à celle de l’Etat puis qu’il en est sa source. Le droit, au sens propre du terme, émane de l’Etat ou de ses démembrements. Indépendamment de la problématique de l’existence ou de l’inexistence d’un droit naturel, il faut reconnaître que seul le droit positif qui émane de l’Etat peut régir efficacement les citoyens. C’est parce que ce droit est assuré et garantie par la force publique qu’il est efficace. De plus le pouvoir de l’Etat est fondé sur le droit et ne doit s’exercer qu’en se conformant aux règles du droit. C’est d’ailleurs en se fondant sur le droit et en s’exerçant selon le droit que le pouvoir politique requiert le qualificatif de légitime. Un pouvoir est légitime s’il est moralement et juridiquement acceptable. Le consentement à obéir au pouvoir politique est lié alors à la croyance que ce pouvoir est légitime. La légitimation du pouvoir est donc une justification ou une explication juridique et philosophique de cette relation commandement et obéissance qui est nécessaire dans l’ordre de la nature. Autrement dit elle répond à la question suivante : pourquoi certains ont le droit de commander et d’autres le devoir d’obéir ? Cette relation qui n’est guère inscrite dans l’ordre de la nature doit trouver une
explication rationnelle. L’Etat apparait dans cette dynamique pour remplacer l’obéissance à une personne par celle d’une idée. L’Etat, en tant qu’instance ou dépositaire du pouvoir politique, est donc une Idée selon Georges Burdeau. Il souligne ainsi le caractère abstrait de l’Etat par ces termes : «Les difficultés que le langage éprouve à rendre compte de l’Etat proviennent de ce qu’il n’appartient pas au monde des phénomènes concrets. Nul ne l’a jamais vu. Et comme on ne peut cependant douter de sa réalité, c’est qu’elle est de l’ordre conceptuel. L’Etat est une idée».
Toutefois l’Etat ne doit pas être réduit à une simple idée ou une pure abstraction. En effet l’Etat est également du concret car toutes les doctrines sont unanimes pour dire que l’Etat ne peut exister que si trois éléments concrets sont réunis. Parmi ces éléments concrets l’existence d’un territoire faisant de l’Etat un phénomène spatial et géopolitique. En effet sans espace délimité par des frontières pour savoir où s’exercent ses compétences, on ne peut guère parler d’Etat. C’est pourquoi André Hauriou réduit l’Etat à un espace géographique lorsqu’il écrit : « l’Etat est une corporation à base territoriale ».
Au-delà du fait de constituer une simple manifestation concrète de l’Etat, le territoire revêt aussi un caractère affectif. Or ce caractère a un rôle à jouer dans la consolidation de la nation. En effet c’est l’attachement à une terre bien délimitée qui est à l’origine du patriotisme. Le patriotisme n’est rien d’autre que le sentiment de préférence à sa terre qui nous pousse à désirer son bien et sa grandeur. L’idée de patrie, selon son étymologie, évoque à la fois l’idée de terre et celle de paternité ; d’où on peut comprendre le sacrifice que nous consentons pour la défense de la terre qui nous a vus naître. Toutefois il faut reconnaître l’importance des hommes qui l’habitent en y apportant de l’amour. D’où le caractère social du pouvoir d’Etat.
Mais il faut surtout noter que le pouvoir d’Etat qui s’exerce sur le champ politique est institutionnalisé et consenti. Un pouvoir est institutionnalisé lorsqu’il y a séparation entre la personne du chef et l’instance qui en est le seul titulaire. Le terme Etat marque d’ailleurs ce caractère d’équilibre et de continuité malgré le changement des personnes qui exercent le pouvoir en son nom. L’institutionnalisation du pouvoir implique qu’il n’est rattaché à aucun nom ou une lignée. L’Etat est donc une institution, une instance juridique dont le pouvoir n’est ni diffus ni personnalisé. D’ailleurs la grande différence de l’Etat d’avec les organisations sociales comme les royaumes, les hordes, les clans, les tribus réside dans le caractère non diffus et non personnel de son pouvoir. En effet le pouvoir de l’Etat n’est pas diffus dans la mesure où il y a bel et bien une nette distinction entre les dirigeants et les gouvernés. L’Etat est donc une puissance publique dont les personnes investis du pouvoir sont dans un ordre hiérarchique. Il s’agit d’un pouvoir déconcentré certes ; mais l’ultime autorité demeure le chef de l’Etat ou du gouvernement.
La notion du droit est fortement liée à celle de l’Etat puis qu’il en est sa source. Le droit, au sens propre du terme, émane de l’Etat ou de ses démembrements. Indépendamment de la problématique de l’existence ou de l’inexistence d’un droit naturel, il faut reconnaître que seul le droit positif qui émane de l’Etat peut régir efficacement les citoyens. C’est parce que ce droit est assuré et garantie par la force publique qu’il est efficace. De plus le pouvoir de l’Etat est fondé sur le droit et ne doit s’exercer qu’en se conformant aux règles du droit. C’est d’ailleurs en se fondant sur le droit et en s’exerçant selon le droit que le pouvoir politique requiert le qualificatif de légitime. Un pouvoir est légitime s’il est moralement et juridiquement acceptable. Le consentement à obéir au pouvoir politique est lié alors à la croyance que ce pouvoir est légitime. La légitimation du pouvoir est donc une justification ou une explication juridique et philosophique de cette relation commandement et obéissance qui est nécessaire dans l’ordre de la nature. Autrement dit elle répond à la question suivante : pourquoi certains ont le droit de commander et d’autres le devoir d’obéir ? Cette relation qui n’est guère inscrite dans l’ordre de la nature doit trouver une
explication rationnelle. L’Etat apparait dans cette dynamique pour remplacer l’obéissance à une personne par celle d’une idée. L’Etat, en tant qu’instance ou dépositaire du pouvoir politique, est donc une Idée selon Georges Burdeau. Il souligne ainsi le caractère abstrait de l’Etat par ces termes : «Les difficultés que le langage éprouve à rendre compte de l’Etat proviennent de ce qu’il n’appartient pas au monde des phénomènes concrets. Nul ne l’a jamais vu. Et comme on ne peut cependant douter de sa réalité, c’est qu’elle est de l’ordre conceptuel. L’Etat est une idée».
Toutefois l’Etat ne doit pas être réduit à une simple idée ou une pure abstraction. En effet l’Etat est également du concret car toutes les doctrines sont unanimes pour dire que l’Etat ne peut exister que si trois éléments concrets sont réunis. Parmi ces éléments concrets l’existence d’un territoire faisant de l’Etat un phénomène spatial et géopolitique. En effet sans espace délimité par des frontières pour savoir où s’exercent ses compétences, on ne peut guère parler d’Etat. C’est pourquoi André Hauriou réduit l’Etat à un espace géographique lorsqu’il écrit : « l’Etat est une corporation à base territoriale ».
Au-delà du fait de constituer une simple manifestation concrète de l’Etat, le territoire revêt aussi un caractère affectif. Or ce caractère a un rôle à jouer dans la consolidation de la nation. En effet c’est l’attachement à une terre bien délimitée qui est à l’origine du patriotisme. Le patriotisme n’est rien d’autre que le sentiment de préférence à sa terre qui nous pousse à désirer son bien et sa grandeur. L’idée de patrie, selon son étymologie, évoque à la fois l’idée de terre et celle de paternité ; d’où on peut comprendre le sacrifice que nous consentons pour la défense de la terre qui nous a vus naître. Toutefois il faut reconnaître l’importance des hommes qui l’habitent en y apportant de l’amour. D’où le caractère social du pouvoir d’Etat.
b) Un pouvoir social
L’autorité de l’Etat s’exerce sur une population qui se définit simplement comme l’ensemble des habitants vivant sur un territoire pendant une période déterminée. L’Etat est une superstructure dépassant largement la société laquelle se définit, au sens vaste, comme le simple fait de vivre ensemble. En effet l’Etat tisse des liens solides entre les hommes sur lesquels s’exerce son autorité. C’est d’ailleurs en se référant à ces liens intenses entre les hommes qui vivent ensemble que nous parlons de nation à la place de population ou de peuple. Cette solidarité peut se fonder sur plusieurs faits tangibles car une nation est un processus qui nécessite parfois une longue durée pour sa formation et sa consolidation. En effet elle peut, d’une part, avoir besoin d’un fondement solide comme le fait d’appartenir à la même race, de partager les mêmes cultures et langues, de vivre les mêmes peines et joies …bref d’avoir la même histoire. Elle peut également se fonder sur la
seule volonté, un sentiment fort manifesté par un désir de vivre ensemble. Cette thèse est exprimée de fort belle manière par Ernest Renan dans une conférence mémorable lorsqu’il dit : « Une nation est donc une grande solidarité constituée par le sentiment des sacrifices que l’on a faits et de ceux que l’on est disposé à faire. Elle suppose un passé : elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours. » Ernest Renan soutient la thèse selon laquelle une nation est formée, au-delà d’une communauté d’habitats, de cultures et de races, par la conscience d’être ensemble. En effet au-delà de toute base concrète, une nation est fondée avant tout sur une communauté spirituelle. C’est elle seule qui peut compacter les diverses bases évoquées. C’est aussi elle seule qui permet de prendre conscience des intenses liens tout en exprimant le désir de les perpétuer et de les renforcer davantage. Et ce désir clairement exprimé par chaque membre révèle l’attachement et le dévouement qu’il accorde à la collectivité dans laquelle il vit. Or chaque membre de la collectivité tel que l’Etat est appelé un citoyen. L’attachement et le respect que le citoyen accorde à l’intérêt public est appelé civisme. Qu’est-ce que le civisme ?
Le civisme n’est rien d’autre qu’une attitude respectueuse et participative aux activités de l’Etat et celles de ses institutions. Le civisme, en d’autres termes, est l’attitude d’un citoyen qui, tout en prenant conscience de ses droits et devoirs, met en avant le bien de la nation au détriment même de ses intérêts personnels. André Siegfried écrit dans son Livre « l'Âme des peuples » : « Ce civisme (…) ce dévouement à la chose publique, en vertu desquels chacun, tout en revendiquant son quant-à-soi, estime devoir s'encadrer dans la communauté et collaborer à la vie sociale ». André Siegfried souligne ainsi que le civisme n’est pas un anéantissement de ses droits mais plutôt une alliance harmonieuse entre les intérêts personnels du citoyen et l’intérêt supérieur de la nation.
Toutefois le civisme est à distinguer du nationalisme qui, à la limite, nous incite à la xénophobie puisqu’elle est une passion pour ce qui fait plutôt la particularité et la différence d’une nation. Le nationalisme intégral va même jusqu’à l’isolement en s’opposant à toute politique étrangère. C’est pour cette raison d’ailleurs que le nationalisme peut être un atout dans une situation de guerre ou d’envahissement des forces étrangères. Cet avantage Ch. Maurras, malgré tout, n’a pas manqué de le souligner dans « Mes idées politiques » lorsqu’il écrit : « Il défend la nation contre l'Étranger de l'intérieur. La même protection peut être due encore dans le cas d'une domination étrangère continuée dont la force consacrée par un droit écrit, n'est pourtant pas devenue un droit réel (…) ». Ayant un souci permanent de conserver les valeurs culturelles et morales d’une nation, le nationalisme revêt une importance non négligeable. Seulement
cette préservation ne doit pas constituer un blocage ou un refus catégorique de s’ouvrir à d’autres valeurs universelles. Le civisme, quant à lui, est beaucoup plus réaliste en ce qu’il oeuvre pour la construction et le progrès de la nation notamment sur le plan socio-économique. Ici le citoyen a le sens du discernement car le civisme doit lui rappeler ses responsabilités et ses obligations face à l’intérêt de la nation. Le slogan Etat-Nation fut en un moment donné l’idéal des peuples qui venaient de former un Etat. Car selon M. Hauriou « L'État est la personnification juridique d'une nation, consécutive à la centralisation politique, économique, juridique des éléments de la nation, réalisée en vue de la création du régime civil ». Seulement pour qu’une telle coïncidence existe il faut un Etat qui a un solide fondement.
seule volonté, un sentiment fort manifesté par un désir de vivre ensemble. Cette thèse est exprimée de fort belle manière par Ernest Renan dans une conférence mémorable lorsqu’il dit : « Une nation est donc une grande solidarité constituée par le sentiment des sacrifices que l’on a faits et de ceux que l’on est disposé à faire. Elle suppose un passé : elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours. » Ernest Renan soutient la thèse selon laquelle une nation est formée, au-delà d’une communauté d’habitats, de cultures et de races, par la conscience d’être ensemble. En effet au-delà de toute base concrète, une nation est fondée avant tout sur une communauté spirituelle. C’est elle seule qui peut compacter les diverses bases évoquées. C’est aussi elle seule qui permet de prendre conscience des intenses liens tout en exprimant le désir de les perpétuer et de les renforcer davantage. Et ce désir clairement exprimé par chaque membre révèle l’attachement et le dévouement qu’il accorde à la collectivité dans laquelle il vit. Or chaque membre de la collectivité tel que l’Etat est appelé un citoyen. L’attachement et le respect que le citoyen accorde à l’intérêt public est appelé civisme. Qu’est-ce que le civisme ?
Le civisme n’est rien d’autre qu’une attitude respectueuse et participative aux activités de l’Etat et celles de ses institutions. Le civisme, en d’autres termes, est l’attitude d’un citoyen qui, tout en prenant conscience de ses droits et devoirs, met en avant le bien de la nation au détriment même de ses intérêts personnels. André Siegfried écrit dans son Livre « l'Âme des peuples » : « Ce civisme (…) ce dévouement à la chose publique, en vertu desquels chacun, tout en revendiquant son quant-à-soi, estime devoir s'encadrer dans la communauté et collaborer à la vie sociale ». André Siegfried souligne ainsi que le civisme n’est pas un anéantissement de ses droits mais plutôt une alliance harmonieuse entre les intérêts personnels du citoyen et l’intérêt supérieur de la nation.
Toutefois le civisme est à distinguer du nationalisme qui, à la limite, nous incite à la xénophobie puisqu’elle est une passion pour ce qui fait plutôt la particularité et la différence d’une nation. Le nationalisme intégral va même jusqu’à l’isolement en s’opposant à toute politique étrangère. C’est pour cette raison d’ailleurs que le nationalisme peut être un atout dans une situation de guerre ou d’envahissement des forces étrangères. Cet avantage Ch. Maurras, malgré tout, n’a pas manqué de le souligner dans « Mes idées politiques » lorsqu’il écrit : « Il défend la nation contre l'Étranger de l'intérieur. La même protection peut être due encore dans le cas d'une domination étrangère continuée dont la force consacrée par un droit écrit, n'est pourtant pas devenue un droit réel (…) ». Ayant un souci permanent de conserver les valeurs culturelles et morales d’une nation, le nationalisme revêt une importance non négligeable. Seulement
cette préservation ne doit pas constituer un blocage ou un refus catégorique de s’ouvrir à d’autres valeurs universelles. Le civisme, quant à lui, est beaucoup plus réaliste en ce qu’il oeuvre pour la construction et le progrès de la nation notamment sur le plan socio-économique. Ici le citoyen a le sens du discernement car le civisme doit lui rappeler ses responsabilités et ses obligations face à l’intérêt de la nation. Le slogan Etat-Nation fut en un moment donné l’idéal des peuples qui venaient de former un Etat. Car selon M. Hauriou « L'État est la personnification juridique d'une nation, consécutive à la centralisation politique, économique, juridique des éléments de la nation, réalisée en vue de la création du régime civil ». Seulement pour qu’une telle coïncidence existe il faut un Etat qui a un solide fondement.
3) Les fondements du pouvoir politique
Chercher le fondement du pouvoir politique revient à chercher les théories sur la légitimation de l’Etat. Parallèlement, la notion de légitimité introduit l’idée de moralité dans la politique et fonde en même temps un type de régime politique approprié. La politique, étant un art de gouverner le peuple, doit en effet prendre en considération des valeurs morales. Toutefois cette thèse, selon laquelle la politique doit aller de pair avec la morale défendue par certains philosophes en l’occurrence Platon et Rousseau, est contestée par Machiavel. A cet effet différentes conceptions du pouvoir de l’Etat et de son fondement se dégagent et qui se résument en quatre grandes théories. Il ‘agit des doctrines de légitimation républicaine, de légitimation divine, de légitimation naturelle et celle de la légitimation selon le but. Les thèses de grands philosophes peuvent être réparties dans ces différentes théories.
a) La thèse de Rousseau
Dans son « Discours sur l’origine et le fondement de l’inégalité parmi les hommes », Rousseau montre comment l’état de nature s’est dégradé pour aboutir à une situation où l’homme est obligé de changer sa manière d’être. En effet l’accroissement et la rencontre des hommes ont entrainé la désagrégation de cet état d’innocence causant ainsi l’insécurité permanente et l’exercice arbitraire de la force. Or Rousseau souligne : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir ». Rousseau n’entend pas alors fonder le pouvoir politique sur la force encore moins de rendre légitime un pouvoir issu d’un droit de conquête comme le pense Pufendorf. Le pouvoir politique ne se fonde pas non plus sur un contrat d’assujettissement tel qu’il est exposé dans la thèse de Hobbes car il n’est pas assimilable à une autorité parentale.
Ces fondements sont illégitimes car ils partent de l’aliénation de la liberté. Or la liberté est aussi essentielle que la vie pour l’homme. Il écrit dans son contrat social : « Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité, même à ses devoirs. Il n'y a nul dédommagement possible pour quiconque renonce à tout ».
Après avoir rejeté tous ces fondements illégitimes, Rousseau démontre que l’origine de l’Etat ne peut être qu’un contrat social ayant pour vocation de renforcer la liberté naturelle. De plus le pouvoir de l’Etat ne peut venir que du peuple. Autrement dit la souveraineté appartient au peuple et un pouvoir, dans cette dynamique, n’est légitime que s’il a été conféré par le peuple lui-même. Le contrat social de Rousseau est donc une solution de l’équation suivante : « Trouver une forme d’association qui défend et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéit pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant »
Avec Rousseau donc, la légitimation se fait de manière républicaine ou démocratique en soutenant que seul le pouvoir qui vient du peuple est justifié moralement et juridiquement.
Ces fondements sont illégitimes car ils partent de l’aliénation de la liberté. Or la liberté est aussi essentielle que la vie pour l’homme. Il écrit dans son contrat social : « Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité, même à ses devoirs. Il n'y a nul dédommagement possible pour quiconque renonce à tout ».
Après avoir rejeté tous ces fondements illégitimes, Rousseau démontre que l’origine de l’Etat ne peut être qu’un contrat social ayant pour vocation de renforcer la liberté naturelle. De plus le pouvoir de l’Etat ne peut venir que du peuple. Autrement dit la souveraineté appartient au peuple et un pouvoir, dans cette dynamique, n’est légitime que s’il a été conféré par le peuple lui-même. Le contrat social de Rousseau est donc une solution de l’équation suivante : « Trouver une forme d’association qui défend et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéit pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant »
Avec Rousseau donc, la légitimation se fait de manière républicaine ou démocratique en soutenant que seul le pouvoir qui vient du peuple est justifié moralement et juridiquement.
b) La thèse de Hobbes
Selon Hobbes, l’état de nature est un état qui se présente comme « une situation de guerre de chacun contre tous ». Ceci aboutit à une rivalité et un conflit entre les hommes et cette situation de guerre permanente oblige l’homme à sortir de l’état de nature pour instituer l’Etat. C’est également sur un contrat que Hobbes fonde le pouvoir politique instituant l’Etat. Avec ces théories de légitimation républicaine ou démocratique fondées sur des contrats sociaux, le pouvoir doit se justifier par son origine qui réside dans le peuple. Hobbes et Rousseau s’inscrivent dans cette logique. Chez Rousseau toutefois, c’est le peuple qui contracte avec le peuple de telle sorte que la souveraineté réside en lui. Or chez Hobbes, c’est le peuple qui, pour sauvegarder l’égalité et la paix, passe un contrat avec un tiers. Cette tierce personne se trouve être investie de l’autorité suprême et détient la souveraineté absolue. Elle devient alors « le maître absolu dont le droit n’a d’autre limite que son pouvoir et son bon vouloir ».
Le contrat de Hobbes met en avant l’égalité et la paix des hommes. En effet c’est pour sortir de cette situation permanente d’insécurité que les hommes consentent de la même manière à se dessaisir de ce droit sur toute chose qu’ils avaient à l’état de nature. Cette mutuelle renonciation à leur droit est établie sur la base d’un contrat créant ainsi une oeuvre grandiose appelé Léviathan chez Hobbes. Il écrit : « Car c’est l’art qui crée ce grand LEVIATHAN qu’on appelle REPUBLIQUE ou ETAT (CIVITAS en latin), lequel n’est qu’un homme artificiel, quoique d’une stature et d’une force plus grandes que celles de l’homme naturel, pour la défense et protection duquel il a été conçu ; en lui, la souveraineté est une
âme artificielle, puisqu’elle donne la vie et le mouvement à l’ensemble du corps… » Ces thèses fondées sur des contrats ne sont guère partagées par certains auteurs comme Hegel.
Le contrat de Hobbes met en avant l’égalité et la paix des hommes. En effet c’est pour sortir de cette situation permanente d’insécurité que les hommes consentent de la même manière à se dessaisir de ce droit sur toute chose qu’ils avaient à l’état de nature. Cette mutuelle renonciation à leur droit est établie sur la base d’un contrat créant ainsi une oeuvre grandiose appelé Léviathan chez Hobbes. Il écrit : « Car c’est l’art qui crée ce grand LEVIATHAN qu’on appelle REPUBLIQUE ou ETAT (CIVITAS en latin), lequel n’est qu’un homme artificiel, quoique d’une stature et d’une force plus grandes que celles de l’homme naturel, pour la défense et protection duquel il a été conçu ; en lui, la souveraineté est une
âme artificielle, puisqu’elle donne la vie et le mouvement à l’ensemble du corps… » Ces thèses fondées sur des contrats ne sont guère partagées par certains auteurs comme Hegel.
c) La thèse de Hegel
Hegel conçoit l’état de nature comme un état imparfait. L’innocence qui caractérise cet état ne signifie rien d’autre qu’ignorance des valeurs morales. La moralité objective étant absente dans l’état de nature, la violence et la ruse y deviennent des caractéristiques essentielles. Par conséquent, il vaille mieux sortir de l’état de nature pour accéder à une société au plus haut niveau qu’incarne l’Etat. La société formant un Etat est donc l’expression de l’Esprit universel. Ainsi l’Etat, en tant qu’extériorisation de la forme supérieure de l’Esprit, a tous les droits et les individus ont tous les devoirs. C’est dire qu’entre l’Etat et les individus il n’y a pas de contrat lequel supposerait une transmission réciproque de droit. Or c’est dans l’Etat seul que l’individu atteindra une plénitude d’existence et par conséquent il lui doit tout y compris sa vie. Hegel écrit à ce propos : « Tout ce que l’homme est, il le doit à l’Etat : c’est là que réside son être même, devient un objet pour lui en tant sujet connaissant et se présente à lui comme une objectivité immédiatement existante ». Partant de cette affirmation, les individus ne peuvent rien exiger à l’Etat. Car l’Etat seul possède le droit de commander.
Tout se passe comme si Hegel s’inscrivait dans les théories de légitimation divine défendues par les théocrates. Dans ces théories, en effet, la légitimation est inhérente à leur conception du pouvoir qui appartient uniquement à Dieu. C’est Dieu seul qui donne le pouvoir à qui Il veut. Toutefois Hegel conçoit l’Etat comme un dieu vivant sur terre. Donc ces thèses qui justifient le pouvoir en invoquant ou en l’assimilant à un dieu sont plus aptes à déboucher sur des régimes totalitaires. On assiste à une sacralisation du pouvoir et une sanctification de l’Etat chez Hegel donnant ainsi à l’Etat un pouvoir absolu. Dans cette dynamique l’Etat n’a pas de compte à rendre aux populations car il n’a en réalité d’autre but que lui-même. Hegel s’inscrit ainsi en faux contre toutes ces thèses notamment celle de Platon qui, lui, assigne à l’Etat un but déterminé ; lequel but d’ailleurs fonde et justifie le pouvoir de l’Etat.
Tout se passe comme si Hegel s’inscrivait dans les théories de légitimation divine défendues par les théocrates. Dans ces théories, en effet, la légitimation est inhérente à leur conception du pouvoir qui appartient uniquement à Dieu. C’est Dieu seul qui donne le pouvoir à qui Il veut. Toutefois Hegel conçoit l’Etat comme un dieu vivant sur terre. Donc ces thèses qui justifient le pouvoir en invoquant ou en l’assimilant à un dieu sont plus aptes à déboucher sur des régimes totalitaires. On assiste à une sacralisation du pouvoir et une sanctification de l’Etat chez Hegel donnant ainsi à l’Etat un pouvoir absolu. Dans cette dynamique l’Etat n’a pas de compte à rendre aux populations car il n’a en réalité d’autre but que lui-même. Hegel s’inscrit ainsi en faux contre toutes ces thèses notamment celle de Platon qui, lui, assigne à l’Etat un but déterminé ; lequel but d’ailleurs fonde et justifie le pouvoir de l’Etat.
d) La thèse de Platon
La justification légitimation de l’Etat se fait selon sa finalité. La finalité de l’Etat est d’assurer l’ordre dans l’intérêt du plus grand nombre. Il est donc indispensable de se donner des lois justes et des dirigeants intègres. Pour se faire, il faudra que ceux qui gouvernent remplissent bien leur fonction naturelle de diriger. Par fonction naturelle, Platon sous-entend qu’il y a des hommes ayant une disposition naturelle destinés à gouverner. Il s’agit non seulement des dons de la nature mais aussi des valeurs morales que ces hommes
privilégiés incarnent. Par exemple être très intelligent et charismatique, avoir de la prestance et de la vision (ou de la clairvoyance) sont entre autres des dons de la nature pour un bon dirigeant. A cela s’ajoutent des valeurs que le bon dirigeant doit cultiver jusqu’à ce qu’elles s’installent définitivement comme sa seconde nature. Parmi ces valeurs cultivées qui peut se résumer par la sagesse, on peut citer surtout l’honnêteté et la loyauté envers son peuple. C’est pour cette raison d’ailleurs que, chez Platon, la politique ne doit pas être désassociée de la morale. En effet la personne investie de l’autorité politique doit être un homme respectable pour mériter une obéissance totale sans quoi l’ordre pourquoi l’Etat est institué ne peut être assuré. Platon valide à la fois la doctrine de légitimation naturelle mais aussi celle de légitimation selon la finalité.
Etre un parmi les meilleurs des hommes est un don de la nature mais avoir la volonté de servir et non pas de se servir des dirigés relève de la moralité. Or tels sont en réalité les deux qualités que Platon met en exergue pour légitimer le pouvoir politique. Il écrit alors : « La peine la plus grave est d’être dirigé par plus médiocre que soi(…) C’est parce qu’ils redoutent cette peine qu’il m’apparait que les hommes respectables dirigent, quand ils le font, et dans ce cas ils vont assumer la direction non pas en s’imaginant vers quelque bien, ni non plus avec l’intention de bien en profiter(…)il deviendrait peut-être évident qu’en réalité le véritable dirigeant ne vise pas, par nature, ce qui est son propre intérêt mais ce qui est l’intérêt du dirigé. »
Toutefois l’idée d’impliquer la morale dans la politique est un amalgame selon Machiavel. En effet c’est une confusion des genres qu’il faudra bien éviter si l’on veut bien comprendre la politique. Ainsi Machiavel s’inscrit en faux contre toutes ces thèses qui véhiculent une implication des valeurs morales dans la politique.
privilégiés incarnent. Par exemple être très intelligent et charismatique, avoir de la prestance et de la vision (ou de la clairvoyance) sont entre autres des dons de la nature pour un bon dirigeant. A cela s’ajoutent des valeurs que le bon dirigeant doit cultiver jusqu’à ce qu’elles s’installent définitivement comme sa seconde nature. Parmi ces valeurs cultivées qui peut se résumer par la sagesse, on peut citer surtout l’honnêteté et la loyauté envers son peuple. C’est pour cette raison d’ailleurs que, chez Platon, la politique ne doit pas être désassociée de la morale. En effet la personne investie de l’autorité politique doit être un homme respectable pour mériter une obéissance totale sans quoi l’ordre pourquoi l’Etat est institué ne peut être assuré. Platon valide à la fois la doctrine de légitimation naturelle mais aussi celle de légitimation selon la finalité.
Etre un parmi les meilleurs des hommes est un don de la nature mais avoir la volonté de servir et non pas de se servir des dirigés relève de la moralité. Or tels sont en réalité les deux qualités que Platon met en exergue pour légitimer le pouvoir politique. Il écrit alors : « La peine la plus grave est d’être dirigé par plus médiocre que soi(…) C’est parce qu’ils redoutent cette peine qu’il m’apparait que les hommes respectables dirigent, quand ils le font, et dans ce cas ils vont assumer la direction non pas en s’imaginant vers quelque bien, ni non plus avec l’intention de bien en profiter(…)il deviendrait peut-être évident qu’en réalité le véritable dirigeant ne vise pas, par nature, ce qui est son propre intérêt mais ce qui est l’intérêt du dirigé. »
Toutefois l’idée d’impliquer la morale dans la politique est un amalgame selon Machiavel. En effet c’est une confusion des genres qu’il faudra bien éviter si l’on veut bien comprendre la politique. Ainsi Machiavel s’inscrit en faux contre toutes ces thèses qui véhiculent une implication des valeurs morales dans la politique.
c) La thèse de Machiavel
Machiavel redéfinit la politique comme une lutte pour le pouvoir. Cette définition de la politique est fort différente de celle de la tradition philosophique classique qui y voyait plutôt un art, une technique de gouverner la cité. Dans l’optique de Machiavel alors, la légitimité n’est pas le thème car la quintessence de la politique est de savoir comment accéder au pouvoir et comment s’y maintenir. La politique doit en effet être une science qui se fonde uniquement sur l’observation des phénomènes du pouvoir afin d’en tirer les lois qui régissent le champ politique. Partant de ce qu’est la politique mais non de ce qu’elle devait être, Machiavel considère que le pouvoir ne peut s’exercer de façon durable que par la Force et la Ruse. Dans ce sens la morale pourrait être même un handicap pour l’homme politique. En réalité ces valeurs morales comme la bonté, la clémence, la loyauté, la justice sont même défavorables aux politiciens. Toutefois le politicien doit paraître les avoir puis
qu’il faut justement jouer sur la dialectique du paraître et l’être. Pour se faire, le prince doit s’appliquer à faire un bon usage de la cruauté grâce à la ruse. C’est dire que tout en étant cruel il doit sembler clément ; tout en étant craint, susciter l’amour de ceux qu’ils dirigent car il n’y a que deux alternatives que Machiavel formule ainsi : « Les hommes doivent être caressés ou anéantis ».
La métaphore du Lion et du Renard montre l’idée selon laquelle le prince doit avoir des mains de fer dans des gants de velours. Autrement dit la force ou la cruauté du lion et l’intelligence du renard vient comme pour renforcer la dialectique de la crainte et de l’amour que le prince doit inspirer. Machiavel écrit à ce propos : « On a demandé s’il valait mieux être aimé que craint, ou craint qu’aimé. Je crois qu’il faut de l’un et de l’autre ; mais comme ce n’est pas chose aisée que de réunir les deux, quand on est réduit à un seul de ces deux moyens, je crois qu’il est plus sûr d’être craint que d’être aimé ». On peut donc dire avec Machiavel que le pouvoir de l’Etat n’est pas à justifier ni dans ses fondements ni dans ces actes car tous les moyens sont bons pour y accéder. C’est d’ailleurs la fin qui justifie les moyens. Bref Machiavel demeure incontournable dans toute étude de l’Etat car le terme même est apparu avec lui au XVIème siècle. Mais si l’Etat n’a d’autre fin que lui-même, peut-on lui assigner exclusivement des fonctions spécifiques ? Ces fonctions assignées seront-elles bien remplies par l’Etat?
qu’il faut justement jouer sur la dialectique du paraître et l’être. Pour se faire, le prince doit s’appliquer à faire un bon usage de la cruauté grâce à la ruse. C’est dire que tout en étant cruel il doit sembler clément ; tout en étant craint, susciter l’amour de ceux qu’ils dirigent car il n’y a que deux alternatives que Machiavel formule ainsi : « Les hommes doivent être caressés ou anéantis ».
La métaphore du Lion et du Renard montre l’idée selon laquelle le prince doit avoir des mains de fer dans des gants de velours. Autrement dit la force ou la cruauté du lion et l’intelligence du renard vient comme pour renforcer la dialectique de la crainte et de l’amour que le prince doit inspirer. Machiavel écrit à ce propos : « On a demandé s’il valait mieux être aimé que craint, ou craint qu’aimé. Je crois qu’il faut de l’un et de l’autre ; mais comme ce n’est pas chose aisée que de réunir les deux, quand on est réduit à un seul de ces deux moyens, je crois qu’il est plus sûr d’être craint que d’être aimé ». On peut donc dire avec Machiavel que le pouvoir de l’Etat n’est pas à justifier ni dans ses fondements ni dans ces actes car tous les moyens sont bons pour y accéder. C’est d’ailleurs la fin qui justifie les moyens. Bref Machiavel demeure incontournable dans toute étude de l’Etat car le terme même est apparu avec lui au XVIème siècle. Mais si l’Etat n’a d’autre fin que lui-même, peut-on lui assigner exclusivement des fonctions spécifiques ? Ces fonctions assignées seront-elles bien remplies par l’Etat?
II. Roles et doctrines de l'état
1) Fonctions et dysfonctionnement de l’Etat
La première vocation de l’Etat est la défense des droits civiques. Dans ce cadre, il doit veiller à la préservation de l’intégrité territoriale et à la sauvegarde de l’ordre public. Il s’agit dans cette fonction de préserver la paix, la liberté et la sûreté des personnes et de leurs biens. Dans cette même lancée, il s’agit surtout d’assurer la continuité du pouvoir et de prévenir tout trouble qui pourrait affecter la cohésion sociale. Spinoza d’ailleurs conteste l’idée selon laquelle le rôle de l’Etat puisse être uniquement de la domination qui viserait une oppression de l’individu. Il soutient alors que le rôle de l’Etat est, sans équivoque, la liberté et la sécurité des personnes lorsqu’il écrit : « Ce n’est pas pour tenir l’homme par la crainte et faire qu’il appartienne à un autre que l’Etat est institué ; au contraire c’est pour libérer l’individu de la crainte, pour qu’il vive autant que possible en sécurité… »
La seconde grande fonction de l’Etat est la promotion du bien commun. En effet l’Etat doit prendre en charge la gestion des biens et des hommes dans le but d’assurer la prospérité de la nation. C’est dans le sens de mieux gérer le patrimoine de la nation que des régimes économiques comme le libéralisme et le socialisme ont été élaborés. Le libéralisme est une
doctrine selon laquelle la liberté économique, la libre concurrence, la liberté d'entreprise ne doivent pas être entravés par l’Etat. L’Etat va plutôt encourager l’investissement du capital privé en se limitant à un rôle d’arbitre dans les échanges économiques de ceux qu’il considère comme des partenaires privés. Le socialisme, quant à lui, tente de limiter ou même d’interdire toute entreprise privée dans le but d’une meilleure répartition des ressources de la nation. Ayant un souci constant de faire prévaloir l’intérêt général sur celui des particuliers, l’Etat se doit de monopoliser les moyens de production afin de satisfaire équitablement les besoins de tous les citoyens.
Par la suite l’Etat s’est donné d’autres missions plus délicates qui visent les consciences individuelles. Il s’agit surtout de soigner, d’éduquer, de sensibiliser et d’informer les populations et même de les loger ou de les nourrir. Ainsi de la même manière qu’il assure la défense du territoire au moyen de l’armée, de la justice au moyen des cours et tribunaux, de l’ordre intérieur au moyen de la police et de la gendarmerie, les « appareils idéologiques d’Etat » se chargent à leur tour de sensibiliser les citoyens sur une cause déterminée. Des agences ou des Sociétés de l’Etat se chargent du bien-être du citoyen. Telles sont les fonctions authentiques de l’Etat.
Remplit-il toujours sa mission ? Telle est la question que se pose Nietzsche en répondant par la négative. En effet les principes de l’Etat sont contraires à sa réalité. C'est-à-dire qu’il se dit être pour l’intérêt du peuple alors qu’en réalité qu’il n’existe que pour lui-même. C’est pourquoi Nietzsche le traite de menteur et d’hypocrite lorsqu’il écrit : « L’Etat ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : "Moi, l’Etat, je suis le peuple″ ». Il en est de même de la critique de Karl Marx. Selon Marx l’Etat bourgeois qui est un Etat inégalitaire n’a d’autre fonction que la domination de bourgeoisie. Ainsi le rôle de l’Etat est l’oppression du peuple par la bourgeoisie. C’est parce que l’Etat n’apparaît que dans une société divisée en classes sociales aux intérêts antagoniques qu’il est toujours un Etat de classe. C’est pour dire qu’il n’est qu’un moyen de répression et d’exploitation au service d’une classe déterminée. Marx préconise alors la dissolution de l’Etat bourgeois par une révolution pour éradiquer, en fin de compte, l’injustice sociale dont il est la cause. Pour se faire, seul le communisme représente l’idéal que toute société doit viser.
Le divorce entre l’Etat et le peuple étant définitivement et irrémédiablement signée pour les anarchistes, il conviendrait mieux de supprimer toute autorité y compris celle l’Etat. L’anarchisme devient donc plus radicale en proposant le rejet total de toute autorité en formulant leur slogan ainsi : « Ni dieu ni maître ». Bakounine et Proudhon sont les plus célèbres des anarchistes. Proudhon, considéré comme le père fondateur, déclare d’ailleurs : « Le gouvernement de l’homme par l’homme c’est de la servitude ». Toutefois il faut souligner que l’anarchisme, en tant que doctrine politique, ne signifie pas désordre ou
inorganisation de la société. En dénonçant à la fois le capitalisme et le socialisme, l’anarchisme préconise de remplacer tout simplement une organisation hiérarchique par une société mutualiste qui protège mieux les libertés individuelles. Mais la question qu’on se pose est : peut-on préserver la liberté individuelle et la paix dans une société anarchique si l’on sait que l’exercice de la liberté des uns peut empiéter sur celle des autres ? C’est pour prendre en charge cette même question que des doctrines qui se veulent plus réalistes ont été élaborés.
La seconde grande fonction de l’Etat est la promotion du bien commun. En effet l’Etat doit prendre en charge la gestion des biens et des hommes dans le but d’assurer la prospérité de la nation. C’est dans le sens de mieux gérer le patrimoine de la nation que des régimes économiques comme le libéralisme et le socialisme ont été élaborés. Le libéralisme est une
doctrine selon laquelle la liberté économique, la libre concurrence, la liberté d'entreprise ne doivent pas être entravés par l’Etat. L’Etat va plutôt encourager l’investissement du capital privé en se limitant à un rôle d’arbitre dans les échanges économiques de ceux qu’il considère comme des partenaires privés. Le socialisme, quant à lui, tente de limiter ou même d’interdire toute entreprise privée dans le but d’une meilleure répartition des ressources de la nation. Ayant un souci constant de faire prévaloir l’intérêt général sur celui des particuliers, l’Etat se doit de monopoliser les moyens de production afin de satisfaire équitablement les besoins de tous les citoyens.
Par la suite l’Etat s’est donné d’autres missions plus délicates qui visent les consciences individuelles. Il s’agit surtout de soigner, d’éduquer, de sensibiliser et d’informer les populations et même de les loger ou de les nourrir. Ainsi de la même manière qu’il assure la défense du territoire au moyen de l’armée, de la justice au moyen des cours et tribunaux, de l’ordre intérieur au moyen de la police et de la gendarmerie, les « appareils idéologiques d’Etat » se chargent à leur tour de sensibiliser les citoyens sur une cause déterminée. Des agences ou des Sociétés de l’Etat se chargent du bien-être du citoyen. Telles sont les fonctions authentiques de l’Etat.
Remplit-il toujours sa mission ? Telle est la question que se pose Nietzsche en répondant par la négative. En effet les principes de l’Etat sont contraires à sa réalité. C'est-à-dire qu’il se dit être pour l’intérêt du peuple alors qu’en réalité qu’il n’existe que pour lui-même. C’est pourquoi Nietzsche le traite de menteur et d’hypocrite lorsqu’il écrit : « L’Etat ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : "Moi, l’Etat, je suis le peuple″ ». Il en est de même de la critique de Karl Marx. Selon Marx l’Etat bourgeois qui est un Etat inégalitaire n’a d’autre fonction que la domination de bourgeoisie. Ainsi le rôle de l’Etat est l’oppression du peuple par la bourgeoisie. C’est parce que l’Etat n’apparaît que dans une société divisée en classes sociales aux intérêts antagoniques qu’il est toujours un Etat de classe. C’est pour dire qu’il n’est qu’un moyen de répression et d’exploitation au service d’une classe déterminée. Marx préconise alors la dissolution de l’Etat bourgeois par une révolution pour éradiquer, en fin de compte, l’injustice sociale dont il est la cause. Pour se faire, seul le communisme représente l’idéal que toute société doit viser.
Le divorce entre l’Etat et le peuple étant définitivement et irrémédiablement signée pour les anarchistes, il conviendrait mieux de supprimer toute autorité y compris celle l’Etat. L’anarchisme devient donc plus radicale en proposant le rejet total de toute autorité en formulant leur slogan ainsi : « Ni dieu ni maître ». Bakounine et Proudhon sont les plus célèbres des anarchistes. Proudhon, considéré comme le père fondateur, déclare d’ailleurs : « Le gouvernement de l’homme par l’homme c’est de la servitude ». Toutefois il faut souligner que l’anarchisme, en tant que doctrine politique, ne signifie pas désordre ou
inorganisation de la société. En dénonçant à la fois le capitalisme et le socialisme, l’anarchisme préconise de remplacer tout simplement une organisation hiérarchique par une société mutualiste qui protège mieux les libertés individuelles. Mais la question qu’on se pose est : peut-on préserver la liberté individuelle et la paix dans une société anarchique si l’on sait que l’exercice de la liberté des uns peut empiéter sur celle des autres ? C’est pour prendre en charge cette même question que des doctrines qui se veulent plus réalistes ont été élaborés.
2) Les doctrines politiques
La rupture entre Etat et volonté individuelle a été diversement solutionnée. En résumé, l’anarchisme avait proposé de supprimer l’autorité étatique ; le libéralisme, pour sa part, tente de maintenir la distinction entre l’Etat et l’individu en réduisant au maximum le rôle du premier. La conception socialiste, quant à elle, soutient que c’est l’Etat qui doit être fort pour garantir les droits sociaux comme le travail, la santé, l’éducation etc. face à ce dilemme, Paul Valéry déclare : « Si l’Etat est fort, il nous écrase. S’il est faible, nous périssons ». Il faut souligner toutefois que, quel que soit la solution adoptée, on se réclame toujours d’une certaine démocratie.
a) La Démocratie
En principe, la démocratie est un régime politique qui implique tous les citoyens à l’exercice du pouvoir. Elle est parti du fait que le pouvoir appartient au peuple et c’est lui qui doit l’exercer comme d’ailleurs l’indique l’étymologie du mot. La démocratie est considérée comme le régime le plus parfait selon l’idéologie moderne du fait qu’elle met en avant les valeurs universelles telles que la liberté et de l’égalité. Rousseau, un de ces théoriciens, pour montrer qu’elle est le régime le plus parfait, écrit : « S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes ». Rousseau montre par ailleurs la difficulté de réaliser la démocratie au sens propre du terme car elle signifierait rigoureusement le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Or une telle démocratie appelée directe semble irréalisable. Ainsi la démocratie représentative ou indirecte dans laquelle le peuple délègue son pouvoir est le dernier recours. C’est ainsi que Maurice Duverger donne une nouvelle définition en ces termes : « un gouvernement du peuple par une élite issue de ce peuple ».
C’est donc du point de vue de son organisation et de sa réalisation que la démocratie a fait l’objet de conceptions divergentes. La conception libérale de la démocratie, au premier rang duquel nous citons John Locke et Montesquieu, a pris forme avec la révolution de 1789. Montesquieu soutient, en effet, que le pouvoir doit être organisé de telle sorte qu’il garantit l’autonomie de la personne. Il s’agit de la séparation des pouvoirs qui s’analyse en
trois : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. Cette séparation des pouvoirs a pour objectif d’affaiblir et de limiter le pouvoir politique jugé dangereux pour la liberté et la sécurité de l’individu. Montesquieu écrit : « Il n’y a point encore de liberté, si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice ». Et il poursuit : «Il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir » La conception rousseauiste met en avant l’égalité des citoyens par le biais des référendums et des élections, par vote au suffrage universel. La conception soviétique d’alors, en adoptant cette position, soutient plutôt que le pouvoir doit être renforcé pour garantir les droits sociaux. Mais la question qui se pose est : la démocratie est-elle toujours effective quel que soit la conception adoptée ? Autrement dit la démocratie prend-elle toujours en compte l’avis du peuple sur toute affaire publique ?
La démocratie peut être une menace à l’ordre et à la sécurité des personnes car elle peut bien basculer vers l’anarchisme qui est une défense exacerbée des libertés individuelles. De plus, le principe de l’égalité, mis en avant par la démocratie, serait nuisible pour la bonne marche de la société car, selon Platon, chacun a une disposition et une fonction naturelle qui lui est réservée. C’est pour dire que les avis ne se valent guère suivant le domaine où l’on est. Ainsi en matière de politique donc il vaut mieux laisser les sages ou ceux qui sont compétent de gérer les affaires de la cité. Mais la démocratie, faisant de telle sorte que chaque citoyen peut se mêler des affaires de l’Etat, risque de devenir un gouvernement de l’incompétence. En effet il ne s’agit, dans cette démocratie, que d’adopter la décision du plus grand nombre et peu importe qu’elle soit décision éclairée ou non. Ceci d’ailleurs nous amène à dire que la démocratie n’est rien d’autre qu’une dictature de la majorité. C’est une dictature certes mais celle de la bourgeoisie nous dit Karl Marx. Cette démocratie ne se distingue guère, par nature, de la dictature car c’est simplement un groupe social qui réussit à faire prévaloir son avis.
Alexis de Tocqueville montre comment la démocratie risque de nous mener vers un despotisme par un fait tangible. En effet, par un détachement aux affaires publiques consécutif à une culture de l’individualité, on finit par laisser à l’Etat tout gérer à condition seulement qu’il veille sur l’individu et ses intérêts personnels. Une telle situation conduit directement à un Etat Totalitaire ou ce qu’il appelle « un despotisme éclairé ». Cette renonciation à une partie de la liberté, même faite volontairement, serait contraire aux valeurs sur lesquelles, à l’origine, se fondait la démocratie. Il qualifie la démocratie ainsi : « Cette sorte de servitude réglée, douce et paisible(…) à l’ombre même de la souveraineté du peuple ». Dans cette logique, Tocqueville ne voit pas une différence de nature entre le despotisme et la démocratie car ils sont caractérisés par un pouvoir central, uniforme veillant sur tout et sur tous. La seule distinction à faire est dans leurs principes car la démocratie repose sur la bienvaillance alors que le despotisme se fonde sur la cruauté.
C’est donc du point de vue de son organisation et de sa réalisation que la démocratie a fait l’objet de conceptions divergentes. La conception libérale de la démocratie, au premier rang duquel nous citons John Locke et Montesquieu, a pris forme avec la révolution de 1789. Montesquieu soutient, en effet, que le pouvoir doit être organisé de telle sorte qu’il garantit l’autonomie de la personne. Il s’agit de la séparation des pouvoirs qui s’analyse en
trois : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. Cette séparation des pouvoirs a pour objectif d’affaiblir et de limiter le pouvoir politique jugé dangereux pour la liberté et la sécurité de l’individu. Montesquieu écrit : « Il n’y a point encore de liberté, si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice ». Et il poursuit : «Il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir » La conception rousseauiste met en avant l’égalité des citoyens par le biais des référendums et des élections, par vote au suffrage universel. La conception soviétique d’alors, en adoptant cette position, soutient plutôt que le pouvoir doit être renforcé pour garantir les droits sociaux. Mais la question qui se pose est : la démocratie est-elle toujours effective quel que soit la conception adoptée ? Autrement dit la démocratie prend-elle toujours en compte l’avis du peuple sur toute affaire publique ?
La démocratie peut être une menace à l’ordre et à la sécurité des personnes car elle peut bien basculer vers l’anarchisme qui est une défense exacerbée des libertés individuelles. De plus, le principe de l’égalité, mis en avant par la démocratie, serait nuisible pour la bonne marche de la société car, selon Platon, chacun a une disposition et une fonction naturelle qui lui est réservée. C’est pour dire que les avis ne se valent guère suivant le domaine où l’on est. Ainsi en matière de politique donc il vaut mieux laisser les sages ou ceux qui sont compétent de gérer les affaires de la cité. Mais la démocratie, faisant de telle sorte que chaque citoyen peut se mêler des affaires de l’Etat, risque de devenir un gouvernement de l’incompétence. En effet il ne s’agit, dans cette démocratie, que d’adopter la décision du plus grand nombre et peu importe qu’elle soit décision éclairée ou non. Ceci d’ailleurs nous amène à dire que la démocratie n’est rien d’autre qu’une dictature de la majorité. C’est une dictature certes mais celle de la bourgeoisie nous dit Karl Marx. Cette démocratie ne se distingue guère, par nature, de la dictature car c’est simplement un groupe social qui réussit à faire prévaloir son avis.
Alexis de Tocqueville montre comment la démocratie risque de nous mener vers un despotisme par un fait tangible. En effet, par un détachement aux affaires publiques consécutif à une culture de l’individualité, on finit par laisser à l’Etat tout gérer à condition seulement qu’il veille sur l’individu et ses intérêts personnels. Une telle situation conduit directement à un Etat Totalitaire ou ce qu’il appelle « un despotisme éclairé ». Cette renonciation à une partie de la liberté, même faite volontairement, serait contraire aux valeurs sur lesquelles, à l’origine, se fondait la démocratie. Il qualifie la démocratie ainsi : « Cette sorte de servitude réglée, douce et paisible(…) à l’ombre même de la souveraineté du peuple ». Dans cette logique, Tocqueville ne voit pas une différence de nature entre le despotisme et la démocratie car ils sont caractérisés par un pouvoir central, uniforme veillant sur tout et sur tous. La seule distinction à faire est dans leurs principes car la démocratie repose sur la bienvaillance alors que le despotisme se fonde sur la cruauté.
b) La non-violence
Si une simple menace ou une crainte est une forme de violence alors la guerre qui n’est que sa forme accentuée ne suffit guère à la définir. Cette distinction entre la guerre et la violence est soulignée par Alain lorsqu’il écrit : « La violence n’est nullement la guerre. Un soldat ne ressemble pas du tout à un bandit qui tue pour s’enrichir. (….) La guerre n’est nullement violence. La violence y survient comme épisode….» La définition de la violence est nette dans l’article 1112 du code civil français qui stipule que « Il y a violence, lorsqu’elle est de nature à faire impression sur une personne raisonnable, et qu’elle peut lui inspirer la crainte d’exposer sa personne ou sa fortune à un mal considérable et présent. » La guerre, quant à elle, consiste à prendre les armes pour soumettre ou encore briser la résistance d’un groupe social par la terreur. On comprend dès lors que la violence peut revêtir plusieurs formes. De la violence physique à la violence psychologique en passant par la violence verbale ou sexuelle, le seul dénominateur commun de ses formes consiste à créer chez la victime un trouble portant atteinte à sa personne ou à ses biens. Si la violence et la guerre ne sont pas réductibles l’une l’autre alors la non-violence et la paix ne le sont pas non plus. En effet la paix est beaucoup plus exigeante car elle se définit comme une situation tranquille d’un peuple qui n’est pas en état de guerre, d’anarchie ou d’un quelconque désordre. La paix exclut certes la guerre mais on ne peut pas dire qu’elle en fait autant pour toute autre forme de violence car l’Etat même se définit selon Marx Weber comme « L’organisation de la violence légitime » ou selon les juristes la force publique au service du droit. Rousseau d’ailleurs ne voit pas de similitude entre les formes de violences notamment celle qu’exige la guerre et celle que prône le droit. Il écrit : « La guerre est l’expression la plus terrible de la violence manifestée par la réalité alors que le droit prône la justice et la paix. »
Dans cet ordre d’idées, peut-on dire qu’une violence qui a pour finalité la paix et la justice n’en est vraiment pas une? Autrement dit la recherche de la paix ou de l’ordre peut-elle légitimer l’usage de la violence ?
En vertu d’un principe qui veut qu’on n’oppose pas la violence à la violence, Gandhi et Martin Luther King s’inscrivent en faux contre les doctrines qui inscrivent la guerre au coeur de la vie. Pour ces apôtres de la non-violence, les moyens étant une fin en gestation, on ne peut pas fonder une société politique pacifique en usant de violence. Roger Garaudy renchérit qu’une violence est et aboutit toujours à une violence quel que soit la fin qu’elle se donne.
Ainsi en considérant la priorité de la non-violence, ces apôtres soutiennent l’illégitimité d’user de la force même pour résister ou briser une domination. R. ROLLAND, DANS SON LIVRE « Mahatma Gandhi », écrit : « je sais que la Non-violence est infiniment supérieure à la violence, que le pardon est plus viril que le châtiment. (…) Non-violence n'est pas soumission bénévole au malfaisant. Non-violence oppose toute la force de l'âme à la volonté du tyran (…) La religion de la Non-violence n'est pas seulement pour les saints, elle est pour le commun des hommes. C'est la loi de notre espèce, comme la violence est la loi de la brute »
Toutefois il faut reconnaître si cette doctrine est reléguée au second rang c’est parce qu’elle se montre, pour la plupart, inefficace pour garantir la paix et maintenir l’ordre au sein de la société. Dans ce cas la violence pourrait être une facette de la non- violence avec mot d’ordre « la fin justifie les moyens ». Bismarck reste catégorique dans sa réponse soutenant l’impossibilité de réaliser la paix et l’ordre par des moyens pacifiques. Il écrit : « La diplomatie sans les armes, c’est une musique sans les instruments »
Sartre, dans Situations, reprend la problématique pour montrer ce qui est souhaitable n’est pas toujours réalisable. Il écrit « Je reconnais que la violence, sous quelque forme qu'elle se manifeste, est un échec. Mais c'est un échec inévitable parce que nous sommes dans un univers de violence; et s'il est vrai que le recours à la violence contre la violence risque de la perpétuer, il est vrai que c'est l'unique moyen de la faire cesser »
En définitive lorsqu’il s’agit d’installer la paix durable, l’ambivalence de violence et de non-violence pose une ambiguïté de toute solution adoptée. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’elle continue toujours à alimenter les débats sociétaux.
Dans cet ordre d’idées, peut-on dire qu’une violence qui a pour finalité la paix et la justice n’en est vraiment pas une? Autrement dit la recherche de la paix ou de l’ordre peut-elle légitimer l’usage de la violence ?
En vertu d’un principe qui veut qu’on n’oppose pas la violence à la violence, Gandhi et Martin Luther King s’inscrivent en faux contre les doctrines qui inscrivent la guerre au coeur de la vie. Pour ces apôtres de la non-violence, les moyens étant une fin en gestation, on ne peut pas fonder une société politique pacifique en usant de violence. Roger Garaudy renchérit qu’une violence est et aboutit toujours à une violence quel que soit la fin qu’elle se donne.
Ainsi en considérant la priorité de la non-violence, ces apôtres soutiennent l’illégitimité d’user de la force même pour résister ou briser une domination. R. ROLLAND, DANS SON LIVRE « Mahatma Gandhi », écrit : « je sais que la Non-violence est infiniment supérieure à la violence, que le pardon est plus viril que le châtiment. (…) Non-violence n'est pas soumission bénévole au malfaisant. Non-violence oppose toute la force de l'âme à la volonté du tyran (…) La religion de la Non-violence n'est pas seulement pour les saints, elle est pour le commun des hommes. C'est la loi de notre espèce, comme la violence est la loi de la brute »
Toutefois il faut reconnaître si cette doctrine est reléguée au second rang c’est parce qu’elle se montre, pour la plupart, inefficace pour garantir la paix et maintenir l’ordre au sein de la société. Dans ce cas la violence pourrait être une facette de la non- violence avec mot d’ordre « la fin justifie les moyens ». Bismarck reste catégorique dans sa réponse soutenant l’impossibilité de réaliser la paix et l’ordre par des moyens pacifiques. Il écrit : « La diplomatie sans les armes, c’est une musique sans les instruments »
Sartre, dans Situations, reprend la problématique pour montrer ce qui est souhaitable n’est pas toujours réalisable. Il écrit « Je reconnais que la violence, sous quelque forme qu'elle se manifeste, est un échec. Mais c'est un échec inévitable parce que nous sommes dans un univers de violence; et s'il est vrai que le recours à la violence contre la violence risque de la perpétuer, il est vrai que c'est l'unique moyen de la faire cesser »
En définitive lorsqu’il s’agit d’installer la paix durable, l’ambivalence de violence et de non-violence pose une ambiguïté de toute solution adoptée. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’elle continue toujours à alimenter les débats sociétaux.
c) La mondialisation
C’est un mouvement d’internationalisation des économies et des sociétés causé par le développement des échanges dans le monde. Il s’agit d’un processus d’intégration de tous les Etats dans un même espace politico- juridique. Sa tendance actuelle consiste à aller au-delà des économies et politiques pour investir de la manière la plus rigoureuse les cultures. La culture se définit comme l’ensemble des modes de vie (à savoir les comportements, la façon de penser) d’un groupe social déterminé. Dès lors la mondialisation intègre toutes les manifestations culturelles telle que la musique, le cinéma, les émissions de télévision et même jusqu’à notre façon de s’habiller et de s’alimenter.
La mondialisation a marqué notre siècle mais il faut souligner qu’elle est issue du renforcement des relations internationales. Celles-ci sont des réalités qui ont pour ambition de dépasser l’Etat unitaire et autosuffisant. Il ne s’agit plus pour l’Etat de s’enfermer sur lui-même ni au plan politique ni au plan socio-économique. La vie politique et économique
sera désormais organisée selon différentes institutions internationales comme O.N.U, O.M.C, O.N.U.D.I, B.I.T…
Du fait qu’elle est un mouvement irréversible, un droit international devient une nécessité afin de déterminer le statut des Etats et des personnes indépendamment de leur appartenance à un groupe social. L’individu devient un citoyen du monde selon l’expression de Rousseau. C’est dans ce cadre qu’il faut ranger la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et la cour internationale de justice s’appliquant à l’échelle mondiale. Aussi la globalisation qui est cette gouvernance mondiale n’est que la suite logique de cette renonciation ou perte des Etats non pas de leur autorité mais de leur caractère absolu.Mais la question est de savoir les idées avancées comme justification de la mondialisation. En plus comment la mondialisation parvient-elle à modifier les comportements sans les supprimer. Autrement dit la mondialisation doit-elle signifier forcément une uniformatisation ou dissolution de tout dans une seule sphère ?
La mondialisation a marqué notre siècle mais il faut souligner qu’elle est issue du renforcement des relations internationales. Celles-ci sont des réalités qui ont pour ambition de dépasser l’Etat unitaire et autosuffisant. Il ne s’agit plus pour l’Etat de s’enfermer sur lui-même ni au plan politique ni au plan socio-économique. La vie politique et économique
sera désormais organisée selon différentes institutions internationales comme O.N.U, O.M.C, O.N.U.D.I, B.I.T…
Du fait qu’elle est un mouvement irréversible, un droit international devient une nécessité afin de déterminer le statut des Etats et des personnes indépendamment de leur appartenance à un groupe social. L’individu devient un citoyen du monde selon l’expression de Rousseau. C’est dans ce cadre qu’il faut ranger la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et la cour internationale de justice s’appliquant à l’échelle mondiale. Aussi la globalisation qui est cette gouvernance mondiale n’est que la suite logique de cette renonciation ou perte des Etats non pas de leur autorité mais de leur caractère absolu.Mais la question est de savoir les idées avancées comme justification de la mondialisation. En plus comment la mondialisation parvient-elle à modifier les comportements sans les supprimer. Autrement dit la mondialisation doit-elle signifier forcément une uniformatisation ou dissolution de tout dans une seule sphère ?
D’une part, la mondialisation se donne comme justification de mettre un terme à la concurrence anarchique ou au moins l’assainir. D’autre part, il faut conserver la paix qui ne peut se faire sans harmonisation des différentes politiques.
D’ailleurs sur le plan philosophique, Kant avait déjà prévu l’instauration à l’échelle cosmopolite un projet d’ordre civil de droit et de liberté. Il défend l’idée selon laquelle la paix n’est internationale que si les Etats sont indépendants. Kant ne conçoit pas la suppression totale des Etats pour laisser la place à un seul Etat mondial. C’est d’ailleurs fort de cette restriction Kantienne que les pourfendeurs de la mondialisation rejettent cette gouvernance mondiale. En effet, selon ces antagonistes, la mondialisation n’est qu’une nouvelle forme d’impérialisme des nations supérieures qui imposent leur culture et leur ordre économique à la société humaine. Il s’agit donc de lutter contre cette nouvelle forme d’oppression qui est la globalisation.
En définitive la mondialisation a des avantages certes mais il n’en demeure pas que des impacts négatifs surgissent. Au premier rang de ses avantages, la gestion des crises, les abus de pouvoir de certains chefs d’Etat, la lutte contre le terrorisme et le grand banditisme ne peuvent être une réussite qu’à l’échelle mondiale.
Par contre la mondialisation peut impacter négativement sur certaines valeurs culturelles positives. Bien que favorisant des échanges, la mondialisation, par le contact direct ou indirect qu’elle crée entre les cultures et les individus, modifie nos moeurs et provoque ainsi une acculturation. En effet les sociétés ont chacune leurs spécificités qu’il faut toujours préserver. C’est parce que c’est dans la diversité et non dans l’universalisation que les hommes s’enrichissent : il faut alors conserver cette diversité.
D’ailleurs sur le plan philosophique, Kant avait déjà prévu l’instauration à l’échelle cosmopolite un projet d’ordre civil de droit et de liberté. Il défend l’idée selon laquelle la paix n’est internationale que si les Etats sont indépendants. Kant ne conçoit pas la suppression totale des Etats pour laisser la place à un seul Etat mondial. C’est d’ailleurs fort de cette restriction Kantienne que les pourfendeurs de la mondialisation rejettent cette gouvernance mondiale. En effet, selon ces antagonistes, la mondialisation n’est qu’une nouvelle forme d’impérialisme des nations supérieures qui imposent leur culture et leur ordre économique à la société humaine. Il s’agit donc de lutter contre cette nouvelle forme d’oppression qui est la globalisation.
En définitive la mondialisation a des avantages certes mais il n’en demeure pas que des impacts négatifs surgissent. Au premier rang de ses avantages, la gestion des crises, les abus de pouvoir de certains chefs d’Etat, la lutte contre le terrorisme et le grand banditisme ne peuvent être une réussite qu’à l’échelle mondiale.
Par contre la mondialisation peut impacter négativement sur certaines valeurs culturelles positives. Bien que favorisant des échanges, la mondialisation, par le contact direct ou indirect qu’elle crée entre les cultures et les individus, modifie nos moeurs et provoque ainsi une acculturation. En effet les sociétés ont chacune leurs spécificités qu’il faut toujours préserver. C’est parce que c’est dans la diversité et non dans l’universalisation que les hommes s’enrichissent : il faut alors conserver cette diversité.
Auteur:
Khady Mbaye Professeur de philosophie au Lycée de Taïba Niassène
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