Les grandes interrogations philosophiques (Métaphysique)

 

Les grandes interrogations philosophiques connus sous le nom de métaphysique (ce qui est au delà de la physique) ont toujours été des questions pertinentes pour l'humanité toute entière.

I. Les objets de la métaphysique

La métaphysique définit une philosophie $1^{er}$ qui comme telle serait plus science que les sciences particulières ; et qui aurait pour objet les $1^{er}$ principes et les $1^{er}$ causes.
Cette science recherchée est redéfinie de plusieurs façons dont l'équivalence encore fait problème aujourd'hui :

Comme science de l'être en tant que être dans son absolue généralité, ce qu'on appellera ontologie ; comme découverte et énoncé du fondement logique de la connaissance vraie, le principe de non contradiction ; comme science de la substance ; enfin comme science du $1^{er}$ moteur de l'univers assimilé à une théologie, qui possède la propriété éminente de se penser lui même, ou d'exister comme pensée de la pensée. (noesis, noeseos)

Une telle philosophie $1^{ière}$ n'est certainement pas immédiate bien qu'elle ne fasse qu'expliquer les réquisits du logos, de la raison universelle.

La question se pose même de savoir si elle n'est pas d'une certaine façon plus qu'humaine.
 
Mais, le fait qu'elle soit pensable traduit aussi la part du divin dans l'homme, qui lui fait rechercher le souverain bien dans la contemplation du vrai pour lui même (Théoria).
 
La trace de ces formulations ne s'effacera jamais.
 
La métaphysique s'aventure à répondre aux questions relatives au pourquoi ultime de toutes choses ce que Leibniz résume par cette question "Pourquoi y'a-t-il eu quelque chose plutôt que rien ?"
Elle entend ainsi apporter satisfaction à l'esprit humain en ce qui concerne l'origine de l'univers.
 
La métaphysique (l'existence de Dieu, la nature et l'étendue de la liberté, l'immortalité de l'âme etc...) consiste donc à remonter au delà des apparences sensibles pour atteindre les $1^{er}$ principes, ou l'être en tant que être selon Aristote.

Elle est donc à la fois théologie rationnelle (Discours sur Dieu) et ontologie (Discours rationnelle sur l'être).
 
La difficulté du dépassement de l'évidence sensible et la distinction de ces deux objets d'études expriment la complexité et l'incertitude de ses résultats.

a) Métaphysique comme théologie rationnelle
          (discours sur Dieu)

$-\ $ La métaphysique platonicienne

La philosophie de Platon est dualiste, on y découvre le monde sensible et le monde intelligible. Celui du sensible est le monde des illusions, de la fausseté, de la matière, du sens commun ; celui de l'intelligible est le siège des vérités, des idées, des essences.

Dans la république au livre $7$ Platon illustre son dualisme par l'allégorie de la caverne.
Pour accéder à la vérité il faut s'extraire de la caverne (dialectique ascendante), ensuite redescendre dans la caverne (dialectique descendante).

Le philosophe s'élève au delà de toute sensibilité, il se détache de tout ce qui est matière pour atteindre la vérité qu'il ne peut pas trouver dans le monde sensible.

Pour atteindre cette intelligibilité il faut se détacher du corps ce que Socrate résume en ces termes "Philosopher c'est apprendre à mourir au corps".

Le corps se limite aux choses matérielles, source d'erreur, c'est ce que note Platon dans le Phédon "Cette chose mensongère qu'est le corps, il faut s'en débarrasser pour accéder à la vérité".

L'âme a une vie antérieur ce n'est que venu dans la doxa accompagnée du corps qu'elle a tout oublie. L'ascèse qui consiste à s'élever et se ressouvenir (réminiscence) lui permet d'accéder à la vérité.
 
Pour Platon les idées sont d'ordre intelligible et permettent de savoir le beau, le bien, le juste...

$-\ $ Descartes l'existence de Dieu

Le doute est une imperfection ; je vois clairement, en effet que c'est une plus grande perfection de connaitre que de douter. Mais, d'où me vient cette idée de parfait ?
Elle ne peut venir de moi, qui suis un être imparfait ; car la cause doit avoir au moins autant de réalité que son effet, la cause de l'idée de parfait ne peut être que l'être parfait lui même c'est à dire Dieu. Je ne sais pas, il est vrai, la façon dont j'ai eu l'idée de Dieu.

Je vais donc chercher quel peut être l'auteur de mon âme ; ce ne peut-être moi même car je me serais donné toutes les perfections du monde ; donc l'être qui m'a créé possède toutes ces perfections il est Dieu.

b) Métaphysique discours rationnelle sur l'être
              (ontologie)      

Pour la genèse du monde Descartes avec sa chiquenaude divine affirme que le mouvement vient du dehors, une impulsion initiale communiquer par Dieu.

Pour le néoplatonicien Plotin, il résume les $1^{er}$ principes en $3$ hypostases (l'un, l'intelligence et l'âme du monde) comme le dogme de la trinité père, fils, esprit .Il en déduit que la vie est dans l'un et remplie d'amour pour lui même ce qui lui permet de donner la vie en abondance.
 
Selon Aristote, le mouvement est le $1^{er}$ moteur ; les choses changent, bougent, se transforment, il y a quelque chose qui les fait changer qui lui même ne change pas, c'est le $1^{er}$ moteur ou principe divin.
 
Ce $1^{er}$ moteur ne peut qu'être immatériel et afin que, la matière change, son essence ne peut qu'être pure pensée se pensant ou pensée de la pensée.
Il n'y a pas d'objet de pensée plus excellent que le $1^{er}$ moteur.
 
Selon la science, comme l'a illustré Martin Darwin dans la théorie de l'évolutionnisme, l'être vient du singe d'après une évolution progressive.

Il est devenu homo erectus (homme debout) homo Fabert (homme qui fabrique) pour enfin devenir homo sapiens (homme qui sait).

c) liberté et raison le libre arbitre

Le libre-arbitre ne se prouve pas disait Descartes, donc il pourrait être lié à la raison et au premier principe.

Le libre-arbitre ne consiste-t-elle pas à obéir à l'idée rationnelle, à se laisser conduire par l'évidence ?

Au niveau le plus bas, elle est le pouvoir de choisir, de dire oui ou non.

Mais devant l'idée claire et distincte, celle de Dieu, le libre-arbitre, cette forme de liberté devient une irrésistible adhésion à l'évidence.
 
La véritable liberté est rationnelle elle est liée à la raison, à l'évidence claire et distincte. Descartes, Spinoza, les stoïciens, Kant soutiennent cette thèse qui fait que la raison et la liberté sont inséparables.
 
Mais Spinoza apporte un plus à cette thèse car pour lui seul dieu est libre, la liberté de l'homme est une illusion. Tout ce qui est, est en dieu et résulte nécessairement de la nature divine.
 
Ainsi, nous voyons que chez Descartes la raison est le bon sens, cette faculté de discerner le vrai du faux : "La raison nous rend homme".  
 
Pour Aristote, c'est la faculté de bien juger, la pensée synthétique ""L'homme est un animal raisonnable".
 
Quand à Platon, la raison renvoie à l'essence (nature, cause 1er de la chose), au bien, à l'un.

II. Critiques de la métaphysique

Auguste Comte considéré la métaphysique comme une investigation caduque.
Selon lui, l'esprit serait passé par deux phases révolues du fait de l'avènement de la pensée scientifique ou âge positif.

L'âge théologique correspondant à l'âge initial, l'âge métaphysique qui est l'âge intermédiaire et l'âge positif qui correspond à l'âge scientifique.

L'âge théologique, correspond à l'enfance  crédule de l'humanité, dans cet âge l'esprit essaie d'expliquer les phénomènes de l'univers par les divinités.
 
Selon comte, cet état théologique à évolue du fétichisme au monothéisme  en passant par le polythéisme.
L'âge métaphysique est l'âge de l'adolescence de l'esprit qui tente d'expliquer les phénomènes de la nature par la raison.

L'âge positif au scientifique est la période ou l'esprit atteint sa pleine maturité.
 
Pour Comte, même si la métaphysique  représente un  progrès par rapport à l'âge théologique, elle doit laisser la place à l'âge positif ou scientifique qui se propose de découvrir les lois régissant les phénomènes de l'univers.
 
La critique de la métaphysique chez Spinoza part de l'illusion du libre arbitre. Il soutient que seul Dieu est libre, chez les hommes la liberté est une illusion.

En effet, tout ce qui est, est en Dieu et résulte nécessairement de la nature divine.
 
Toutefois, l'homme peut, par la connaissance vraie et rationnelle, retrouver la puissance propre de sa nature.
 
Dès lors il accède à l'authentique liberté, ce pouvoir de la raison.
 
Pour Freud l'illusion de Dieu se trouve dans la détresse infantile qui éveille le besoin d'être protéger.

L'homme angoissé se cramponne à un père tout puissant.
 
En somme, Dieu n'est qu'une illusion dérivée du désir humain.
 
Pour Marx l'impuissance historique est à l'origine de la religion et de Dieu.
 
Quand Nietzsche parle de la mort de Dieu il s'agit de la disparition des valeurs du christianisme et non de la mort de la divinité.
 
C'est ainsi que pour Feuerbach Dieu est la personnification de l'espèce humaine.
 
Tous les attributs de Dieu sont sur l'homme ( bonté, personnalité,volonté etc...)
 
Donc, comportons nous dans nos relations avec Dieu comme dans nos relations avec les personnes.
 
Pour Sartre il n'y a pas d'essence humaine "l'existence précède l'essence"
Le problème du libre-arbitre fait partie des grandes questions métaphysiques débattues depuis des siècles. Il pose la volonté comme cause première de nos actions. Tous les jours nous sentons notre autonomie, nous nous croyons libres.
 
Certains philosophes ont niés le libre-arbitre, affirmant que c'est une illusion due à notre ignorance des causes qui nous font agir.
 
Le libre-arbitre qui est la liberté d'indifférence, pose en premier lieu que les actions humaines sont contingentes. Le contingent qui s'oppose au nécessaire, c'est le fait que je peux faire ou ne pas faire une chose.
 
Pour Descartes, l'indifférence est l'état de la volonté lorsqu'elle n'est pas poussée d'un coté ou de l'autre par la préoccupation du vrai ou du bien.
 
Bossuet, "le libre-arbitre est la puissance que nous avons de faire ou de ne pas faire quelque chose"
 
Descartes, quant-à lui affirme que le fait de douter est l'objet d'une décision. Le doute s'évanouit si les arguments descriptifs sont avancés mais il peut perdurer s'il n'y a pas d'arguments.
 
La négation du libre-arbitre est le fait de nier le libre-arbitre, c'est aussi la critique de la métaphysique. Elle se manifeste à travers le déterminisme et le destin.
 
$-\ \ $ Pour le déterminisme, tout ce qui existe est une relation de cause à effet, il n'y pas de place pour la liberté.
 
Spinoza : nous croyons être libres car nous ignorons les causes qui nous font agir. Les hommes sont conscients de leurs actions mais ignorent les causes qui leurs font faire leurs actions.
 
$-\ \ $ Le destin nie la liberté de l'homme car une puissance mystérieuse gouverne tout, le libre-arbitre n'est qu'un fantasme.
 
Bossuet, dans Discours sur l'histoire universelle, affirme que "toutes les entreprises humaines ne sont que des moyens mis en œuvre inconsciemment par les hommes à des fins divines".
 
Saint Thomas d'Aquin : sans libre-arbitre, il n'y a pas de morale. Si l'homme est irresponsable ; pas de faute, de péché, de regrets ni de remords.
 
Pour Nietzsche, le libre-arbitre est le plus suspect des tours de passe-passe des théologiens au fin de rendre l'humanité responsable. Nietzsche qui ne croit pas à la morale pour lui, le libre-arbitre est inventé par les religieux pour culpabiliser l'homme (faute punition) ; "le christianisme est une métaphysique de bourreau".
 
Le serf-arbitre, contraire du libre-arbitre pour Nietzsche, et qui est l'équivalent du déterminisme, permet à l'homme de se décharger de toutes ses responsabilités.
 
D'après le scientifique Libet, le libre-arbitre est comme un droit de véto. Descartes le résume ainsi : la principale préoccupation de l'homme est d'avoir un libre-arbitre, et c'est ce qui le rend digne de louange ou de blâme. Si nous agissons librement et sommes maître de nos actions, nous sommes dignes de louanges si nous conduisons bien nos actions et nous sommes blâmés si nous les conduisons mal.

III. La permanence de la métaphysique

Malgré toutes les critiques dont elle a fait l'objet, la métaphysique semble éclairée le monde. Le besoin métaphysique, loin d'être une évasion, est un soucis permanent et une exigence de l'existence humaine.
 
Schopenhauer le montre en disant que la métaphysique est une recherche du principe explicatif qui est derrière les phénomènes. Il faut reconnaitre que le besoin métaphysique est constitutif de notre humanité. C'est pourquoi il dira que "l'homme est un animal métaphysique". Dans cette perspective, Kant affirme que l'homme a besoin de la métaphysique comme il a besoin de l'air pour respirer. "L'esprit humain renonçant une fois pour toute aux recherches métaphysiques. Voila ce à quoi on ne devrait pas s'attendre, pas plus qu'à nous voir pour ne pas respirer un air impur, suspendre notre respiration".
 
Dans ce monde d'aujourd'hui dominé par la science, les questions métaphysiques demeurent entières, plus que jamais. Les sciences qui sont une vérité partielle, ne parviennent pas à résoudre les problèmes liés à l'existence de l'homme et de Dieu.
 
Ainsi, la souffrance des hommes, les inégalités sociales restent dans le cœur des hommes.
 
Bertrand Roux dira à ce propos ; "la science et la technique n'ont pas de réponses à la souffrance des hommes, à la mort, à l'origine et au pourquoi de ce monde".
 
Les sciences et les techniques donnent les moyens d'un développement qu'elles ne peuvent pas maîtriser ; elles doivent impérativement donner une place aux valeurs telles que la morale, la justice, le bien etc...
 
Donc, se passer de la métaphysique serait impossible dans la mesure où les questions métaphysiques resteront toujours des lames de fond.
 

Auteur: 
Lamine Faye

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